Deux enfants, c’était bien.
Une fille et un garçon en plus, le choix du roi, comme disent les gens.
Elle était pas franchement prévue, pas franchement invitée non plus, faut bien l’avouer.
Elle nous a collé dans tous nos états avant même d’être réellement là. On a flippé comme des gamins les amis, quand on a su qu’elle s’était incrustée comme ça sans nous demander la permission.
Si je ne me suis jamais vue avec une enfant unique, je ne me suis jamais vue non plus avec une famille nombreuse, voyez-vous.
Frileuse j’étais.
3 gamins, ça me semblait tellement compliqué. Déjà, ils sont en supériorité numérique sur nous, les parents, et ça, clairement ça craint.
Et puis trois quoi. Trois gamins dans une voiture, trois gamins pour les voyages, trois gamins à qui il faudra payer des études, le permis. On venait même d’acheter un appart’ idéal avec 2 enfants mais clairement inenvisageable avec 3.
Bref. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, on s’est retrouvés face à une montagne d’incertitudes, de doutes, de questions, d’angoisses interminables et de « pitié tout mais pas ça ».
Passer de 2 à 3 enfants, la grossesse surprise qui chamboule tout.
Mais, j’vais pas vous la refaire, j’ai déjà tout raconté ici.
Elle était là, et j’aurais été bien incapable de l’y en déloger.
Alors on s’est adaptés. Enfin, on a digéré, puis on s’est adaptés.
Après tout, si y’a de la place pour 2, on en trouvera bien pour 3.
Et puis maintenant, ça fait 4 ans et demi qu’elle est là.
La p’tite dernière. L’imprévue. L’inattendue.
Je parle de son histoire sans complexe. Je n’ai pas de gêne à dire que, oui, l’annonce de sa présence nous chamboulés. Que l’on a tout envisagé. Même de ne pas aller jusqu’au bout de l’histoire. Ça fait partie de l’histoire justement. De la nôtre, de la sienne.
4 ans et demi plus tard, je trouve toujours notre démarche plutôt saine. Je suis assez rassurée de moi, d’avoir eu le courage de me poser la question, de la poser à des pro, d’envisager toutes les options qui s’offraient à nous.
Cette enfant je l’aime tellement que je n’aurais pas voulu risquer de la rendre malheureuse.
L’accueillir sans l’accueillir, sans le vouloir vraiment, ou sans le pouvoir, ou avec angoisse, ou lui faire porter une culpabilité qui n’était pas la sienne, non merci.
Quand je parle de cette partie de notre histoire, on me demande ce que ça fait.
« Qu’est ce que ça fait, d’être l’enfant non désiré ? » »
« T’as pas peur qu’elle le ressente ? Qu’elle soit malheureuse ? Qu’elle traîne ça toute sa vie ? ».
J’ai pas peur ? Non. J’ai pas peur.
J’ai sûrement déjà eu peur par le passé, mais plus maintenant.
Déjà, soyons clair.
Elle n’était pas prévue, mais elle était désirée.
Face à l’imprévu, nous avons mené une réflexion d’adulte qui pourrait se résumer à celle-ci « serons-nous capable d’accueillir cet enfant comme il le mérite, à la fois en terme d’affection que de conditions matérielles qu’en terme de temps d’attention à lui accorder ? ».
A partir du moment où nous avons posé les réponses à cette interrogation, l’évidence s’est imposée : ce môme là, ce petite troisième, nous le voulions, nous le désirions.
Alors nous l’avons attendu comme nous avons attendu ses deux aînés. Avec une certaine impatience et la volonté de profiter pleinement de ces instants offerts par la vie. Les petits coups dans le bidon, les instants volés à l’échographie, l’achat de petit doudou trop mignon, en passant par les heures passées à imaginer sa bouille et ses toutes petites mains, la couleur de ses yeux, aura t’elle ou non beaucoup de cheveux… Voilà.
Voilà. Imprévue, mais néanmoins entièrement désirée.
Pour le reste, de quoi devrais-je avoir peur ?
Si, en effet, elle n’était pas prévue au programme, pas un jour ne passe sans que je la remercie de s’être invitée.
Elle et sa personnalité si singulière, son côté rayon de soleil, sa joie de vivre, son sourire communicatif, sa tendresse infinie.
Je crois que rien n’arrive par hasard, dans la vie. En tout cas, elle n’est pas arrivée par hasard, j’en suis convaincue.
Elle est venue compléter le tableau familial, souder encore plus les liens, apporter sa petite touche d’originalité et de bonne humeur qui au quotidien nous font tellement de bien.
Elle nous a permis d’aller au delà de nous, et plus personnellement, elle m’a permis à moi en tant que maman de découvrir un nouveau lien, nourrir une nouvelle relation que je n’avais auparavant jamais imaginée.
Comme avec un chacun de ses aînés mais encore différemment, il y a ce côté si particulier à la relation. ce petit goût de « on aurait pu ne pas connaître ça », qui fait que les émotions sont chaque fois décuplées. Elle est la cerise sur le gâteau, le petit cadeau supplémentaire de la vie et nous la savourons comme telle au quotidien.
Elle est la « p’tite dernière pour la route », ma petite troiz’, mon éternel petit bébé, mon gros gros cadeau de la vie.
Alors non, j’ai pas peur les amis. Ma seule peur, chaque jour, chaque instant, c’est que le temps file trop vite et de ne pas suffisamment en avoir profité.
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