On le sait tous je pense, quand on met au monde un enfant.
Un môme, c’est pas une poupée.
Il va grandir, évoluer. Son apparence va se modifier, il va gagner en autonomie avant de gagner en indépendance puis de quitter le nid.
Ce petit machin tout rose et tout fripé posé dans ce berceau de plastique transparent sous une étiquette avec son prénom, demain aura déjà un autre visage. Dans 2 mois il gazouillera. Dans un an il marchera. Dans 3 ans tu le lâcheras sur un banc minuscule, un doudou poisseux dans une main et un petit sac trop choupi sur le dos.
Et puis il fera du vélo sans petites roulettes. Recevra son premier carton d’invitation. Elle aura ses premiers carnets secrets. Viendront vos premières vraies conversations, profondes, réfléchies. Tu lui achèteras ses premiers tampons.
Après demain tu lui laisseras les clés de la voiture familiale, non sans trembler, mais tu le feras.
Ouais. Les enfants ça grandit.
Et oui, ça grandit vite. Tres vite. On passe un temps fou à l’entendre de la bouche de nos grands mères puis de nos mères puis à nous-même le prononcer.
Tellement de temps passé à constater que ça passe vite, du temps qu’on aurait aussi bien pu passer à profiter.
Ca passe vite, ça grandit, et y’a pas de quoi pleurer.
J’avoue toujours trouver bizarres ces couineries à chaque étape en mode « non mais mon dieu où est mon bébé ? » (j’ai aussi chaque l’envie irrépressible debalancer un vieu « DTC » mais ça ferait désordre je crois).
Pourquoi pleurnicher ?
Ton bébé il grandit et c’est cool. Pour toi, pour lui. Je trouve ça un peu triste de dire « mon dieu où est mon bébé » quand on voit son môme franchir un cap ou progresser.
Et pourtant.
C’est humain. Quand tu vois ton gamin passer une nouvelle étape vers sa vie d’adulte, une part de toi se demande ce qu’elle a fait de toutes ces années. Hier encore j’étais enceinte jusqu’aux yeux et le voilà à s’inscrire sur Parcoursup, mais what, comment est-ce possible, que s’est il passé ?
Il s’est passé que le temps a filé.
Et ça te renvoie au fait que oui, les années passent, et toi, tu vieillis.
Je pense que c’est ce paramètre là qui nous rend nostalgique lorsque d’un seul coup, au détour d’une étape marquante pour nos petits plus vraiment petits, on se prend dans la tête le détail de ces années écoulées.
On se dit qu’on aurait peut-être dû davantage en profiter, on se refait le film, on constate comme ces instants si précieux semblent nous avoir filé entre les doigts.
Et puis on prend conscience aussi que, chaque jour un peu plus, ce sont nos mômes qui nous filent entre les doigts.
Ils gagnent en autonomie, apprennent à penser et à exprimer leur pensée, à asseoir et affirmer leurs avis. Leur personnalité se dessine et nous surprend parfois. L’exercice peut sembler difficile, il nous faut composer avec des êtres humains à part entière, accueillir des individus qui demain seront des adultes et prendront leur propre chemin.
Je trouve ça chouette en réalité.
Je ne suis que peu nostalgique de ces années passées. Bien sûr chaque anniversaire me renvoie aux souvenirs de la grossesse, à la naissance, aux premiers mois. Aux souvenirs.
Je ne ressens pas de pincement, je n’ai pas cette envie de me rouler en boule sur le canapé en me disant « mon dieu, où est mon bébé ? ». Je suis fière et ravie de les voir grandir, impressionnée de constater tout ce chemin déjà parcouru. J’ai envie de continuer à les accompagner, de croquer avec eux ces nouvelles étapes qui les attendent et apporteront de nouvelles pierres à l’adulte qu’ils seront demain.
J’ai conscience que ces petits humains, s’ils sont sortis de mon ventre, ne sont pas miens. Je n’ai pas envie de les retenir, consciemment ou non, dans mon giron. Je souhaite les emmener sereinement vers demain. Leur offrir un cadre sécurisant dans lequel ils puissent évoluer en vue d’aborder au mieux leur vie d’adulte, avec les clés qui, je l’espère, leur permettront d’être heureux et fiers de ce qu’ils sont.
Qu’ils deviennent les adultes qu’ils doivent devenir, même si cela signifie pour moi passer la cinquantaine, avoir des rides et des cheveux gris.
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