Définitivement pas.
Je suis fille unique, enfant de parents divorcés alors que je n’étais encore qu’une enfant. Un divorce digne des plus grandes séries B américaines, un combat de titans avec pour arbitre le Juge aux Affaires Familiales, avec l’enfant comme victime collatérale.
Je n’en ai pas souffert, ou alors je ne m’en souviens pas. Je me souviens avoir été « saoulée » souvent par les contraintes du 1 week-end sur deux, par le papa que j’aurai voulu voir plus souvent, par la méchanceté qui pouvait découler entre ces deux adultes là censés être des parents mais qui me renvoyaient plus souvent l’image de deux combattants.
Saoulée, oui. Prise en otage aussi. Mais c’est tout, c’est comme ça. Je n’ai connu que ça, je ne m’en plains pas. Chacun sa configuration familiale, chacun son bagage. Ca aurait pu être pire, ça aurait pu être mieux. J’aurai pu avoir des parents qui renouvellent leur voeux en s’embrassant amoureusement sur le perron de la mairie à l’occasion de leurs noces d’argent. J’aurai pu grandir en famille d’accueil aussi. Y’a pire, y’a mieux. Je me contente de faire avec ce qui m’a été donné, et de ne garder que le meilleur, que le positif. Les bons souvenirs, exclusivement.
C’est dans ma nature, je suis comme ça. Je zappe ce qui me gave, je garde ce qui me plaît.
Il y a du bon dans tout, et du mauvais aussi. Je ne vois pas pourquoi s’en encombrer.
Je zappe mais je n’oublie pas. Je zappe le mauvais, et ce ou plutôt ceux (et celles aussi) qui l’ont engendré. C’est ma personnalité, ma façon d’avancer, même si ça ne l’a pas toujours été, loin de là.
Mais j’ai appris, je me suis forgée, devenir mère m’a profondément changée. Mon caractère déjà bien prononcé s’est affirmé.
J’ai appris à avancer, seule ou presque. Je me suis construite comme ça. Ma famille, mon nid. Mon mari, mes enfants. Mes copains, mes potes.
Le reste je l’avoue, je m’en fiche un peu.
Non, sans mentir, je m’en passe largement en fait.
J’ai une mère avec laquelle je ne m’entends pas, une grande mère gentille mais lunatique, des oncles et tantes qui ne me connaissent même plus. Pas d’animosité, pas de dispute, rien de tout ça. Ils ont avancé, moi aussi. Le temps a filé, on s’est un peu zappés.
Mon mari a sa famille, avec laquelle je n’ai rien en commun.
Voilà, tout est dit, on a fait le tour.
J’ai un mari que j’aime, des mômes qui sont toute ma vie, des copines avec qui je partage souvent les mêmes avis, avec qui je me marre, avec lesquelles il y a un vrai feeling, du vrai soutien, un vrai lien.
Ça me suffit. Je ne vois pas pourquoi je devrai accorder davantage d’importance à la « famille » qu’aux amis. Je ne vois pas pourquoi je devrai me forcer, pourquoi je devrai faire semblant avec des gens alors qu’avec d’autres les choses se font naturellement.
Je n’aime pas les faux semblants. Les sourires forcés, les conversations qui collent mal à l’aise tellement on les meuble de banalités parce qu’on sait pertinemment que l’on a rien à se dire. A quoi ça sert alors !? Autant ne pas se parler.
Ça vient sûrement de mon histoire, du fait que finalement, la famille n’a été qu’une vaste plaisanterie pour moi. Aujourd’hui pour moi, la famille, c’est celle que je me suis construite, et elle me suffit. Ceci dit, je suis comme ça avec tout le monde. Si ça ne passe pas, je ne me force pas. Si ça me saoule, je m’en vais. Je n’ai pas de temps ni d’énergie à dégager pour les conflits, je préfère ignorer et zapper.
Famille, pas famille, je ne comprends pas vraiment pourquoi je devrai agir différemment au prétexte d’obscurs liens du sang.
Mais, se pose tout de même la question des enfants. J’ai des enfants, tout petits encore, mais plus tant que ça. L’aînée finit par poser des questions. Je ne veux pas leur faire subir ma rancune ou mes avis bien tranchés. Mais pour autant, ce sont mes enfants. Je ne les ferai pas fréquenter des gens avec lesquels je n’accroche pas, je ne vois pas pourquoi encore une fois je devrai me forcer à cause de ces foutus liens du sang.
Je sais que pour beaucoup, c’est étrange cette façon de fonctionner. J’entends beaucoup d’histoires de famille, de copines qui se forcent à ceci ou cela pour ne pas vexer, ne pas froisser. Qui encaissent des réflexions pourries, des comportements merdiques, en désaccord total avec ce qu’elles veulent elles pour leurs enfants.
Je les admire, beaucoup, vraiment. Faire l’effort, pour l’autre, pour les enfants, pour tatie Germaine et Mémé Gertrude.
J’admire mais je ne comprends pas forcément, et je m’agace souvent aussi.
Je me dis après tout merde, si ça te convient pas, dis le, claque la porte. Pourquoi TOI tu devrais te bouffer, souffrir en silence de la situation et garder le sourire hypocrite de celle qui encaisse et fais bonne figure. Pourquoi TOI tu devrais te taire, et accepter.
De mon côté je n’y arrive pas. J’ai collé ma mère à la porte pour une histoire de nuggets, parce qu’elle s’imaginait qu’elle allait pouvoir tout laisser passer à MA môme, imposer SES règles sur les miennes, juste une fois, parce qu’elle est la mamie etc etc. Et foutre en l’air tout mes efforts, s’affranchir de toutes les difficultés que l’on a rencontré pour faire manger MON enfant.
C’est moche, peut être méchant, mais c’est comme ça. Famille ou pas, je zappe si ça ne me convient pas.
Méchante, égoïste, aigrie, on me taxera de ce que l’on voudra. Je suis juste moi, entière, en accord avec mes façons de penser, quoiqu’il arrive, quoiqu’il m’en coûte.
J’ai du mal à l’idée d’apprendre à mes enfants l’hypocrisie et les faux semblants.
Ils se feront leurs propres avis plus tard, s’ils en ressentent le besoin, s’ils en ont l’envie. Je ne les en empêcherai pas. Tant qu’ils sont petits, je préfère les tenir éloignés de ce qui ne nous ressemble pas, de ce qui n’est pas nous. Je préfère mettre mon énergie à consolider et renforcer NOTRE cocon, à nourrir les liens fraternels, à poser de solides bases pour que NOTRE famille ne finisse pas décousue comme celle que j’ai connue. Qu’ils soient proches, complices, entre eux. Qu’ils aient le souvenir d’une enfance ensemble, unis, protégés.
MA famille. La seule, la vraie.
Bonjour !
J’ai lu avec beaucoup d’attention ce billet.
Les histoires de famille sont « souvent » des histoires compliquées auxquelles, nous, enfants, on souhaiterait ne pas être mêlés pour juste vivre notre vie d’enfant, dans l’insouciance …
Mais même à presque 30 ans et enceinte, à ce moment là, de 4 mois, j’ai vécu un choc émotionnel dû à ma famille jusque là si « parfaite », « aimante » et « soudée » …. Il n’y a pas d’âge. Quel poids ! Quel fardeau à porter !
Aujourd’hui, à 8 mois de grossesse, je n’aspire qu’à une chose : élever mon enfant à naître avec des valeurs qui sont miennes (nôtres avec mon conjoint) et surtout, ne jamais le décevoir : que mes actes soient en lien avec les valeurs inculquées !
Ton article est criant de vérité et exprime tout haut, ce que j’aimerais mettre en place au fond de moi (cf l’histoire des nuggets : je comprends parfaitement qu’en tant que maman, nous soyons à même de décider ce qui est bon ou non pour notre enfant sans que personne ne vienne détruire ce qu’on a commencé à construire).
Je te souhaite donc une belle vie de famille en faisant fi des avis extérieurs, en n’écoutant que toi.
Bisous
Oh purée, j’ai l’impression de lire ce que j’ai en tête ! Ca fait très bizarre :) J’en suis pas encore à ton stade, mais petit à petit. Ce dernier w-e chez mes parents m’a servi de leçon, je n’ai entendu de râleries, engueulades (sympa comme we hein ?). Chez moi, pas de gros drames non plus, mais je ne vois plus l’intérêt d’y aller pour n’entendre que des propos négatifs ou inintéressants (non pas que je parle toujours de trucs hyyper cool)
je ne te trouve ni égoïste, ni aigrie. Tu veux ton bonheur et celui de ta famille. Tu as le courage de tout faire pour y arriver, c’est top !
En effet, tu as le courage que beaucoup (dont moi) n’ont pas forcément ! Je pense que tu as raison et que tu fais le bon choix… Parce que finalement le « ce sont ses grands-parents quand même » est certainement la phrase sur laquelle tu t’es assise, et tu as bien raison !
(un jour, j’y arriverai ^^)
Des bisous !
Je suis comme toi et pas tout à fait, j’essaie de mettre de l’eau dans mon vin, notamment pour les grands parents car après tout, personne n’est parfait et mon fils les apprécient. Après, ce qui est oncle, tante et tout le toutim, je ne vois pas pourquoi se forcer au nom du lien du sang…parfois, on me dit « et pourquoi vous ne vous mariez pas pour faire une grande fête et inviter toute la famille? » et bien moi, je ne veux pas voir de gens qui ne s’intéressent pas à moi le reste du temps, famille ou pas. Faire semblant de s’entendre une journée, se dire « à la prochaine » tout en sachant que ça sera dans des années (enterrement, mariage ou bapteme), ca n’est pas mon truc. Histoires de famille mises à part, je pense qu’il y en a qui « ont l’esprit famille » et d’autres pas…L’important comme tu le dis, c’est d’être bien et en accord avec soi…
Comment te dire <3 !! Je te comprends, c'est fou comme chaque ligne je disais " ah bah c'est ça oui… Ah bah oui"
Des bisous !!
Ps : ma mère m'a foutu dehors la veille de Noel pour une sombre histoire de steak haché x)
Bravo!! de le dire, de l’écrire, de l’assumer!!!!
depuis l’arrivée de mes deux bouilles d’amour et depuis mes 30 ans…. Mes illusions ou mes désillusions plutôt, d’avec mes parents et mon frère me sont arrivés en pleine FACE!!! Aîe….. Un monde, un univers s’est écroulé………….
J’essaie de me détacher, d’assumer ce que je suis, ce que je pense, ce que j’aime…….. J’ai toujours été là ( je le suis malgré moi encore là) pour TOUT LE MONDE et le jour où j’ai eu besoin à mon tour…. Evidemment : Personne….
Je crois toujours à l’idée qu’à un moment ils me regarderont, porteront l’attention que j’attends…. Mais mon mari, mes amies me conseillent de ne pas attendre…
Votre message me fait du bien…. Merci!!
Mes trois hommes sont ma force, mes amis sont mon soutien… et m’aide à avoir comme vous: La tête haute et le sourire!!
Bonjour,
tu as de la chance de pouvoir réagir comme ça, moi j’ai plus de mal. je me prend la tête avec ma famille, mais j’ai du mal pour autant à ne pas me forcer… Cela dit je suis souvent comme ça aussi en amitié. Trop gentille je crois… Un jour j’apprendrai à dire non, et j’espère que la venue au monde de mon premier enfant va m’y aider.. J’aurai mieux à faire, mieux à aimer aussi ;)
Bon week end
bonjour,
je viens de lire ton article et ouffffffffffff il fait du bien.
Je suis pareille, l’hypocrisie je déteste ça et quand on faillote avec mon fils j’ai tous les poils du corps qui se hérissent
Alors merci beaucoup d’avoir mis des mots sur ces sentiments.
Belle journée à toi
Bravo pour ta force et ton courage.
Ah la famille, grande question de souffrance pour moi….
Je n’arrive pas à dire NON…., j’ai toujours été la gentille, celle qui ne refusait rien, celle qui marchait dans le droit chemin… sans rien dire, et ça me pèse, ça ma détruite… J’ai fait un gros travail avec une psy, mais tout n’est pas réparé à 100%.
Tu es courageuse de mettre des mots sur une vérité qu’on camoufle quasi tout le temps.
Pour ma part, après des mois à subir, j’ai préféré mettre les pieds dans le plat plutôt que m’éloigner. Mais mon histoire familiale est différente de la tienne, avec une famille très soudée et des sœurs.
Bref, mes amies et même mes cousins-cousines ne supportaient plus de me voir dépérir à tout encaisser, ils m’ont aidée à trouver la force de décider ce que je voulais et de l’assumer.
Un jour j’ai appelé ma mère pour lui dire que ça ne pouvait plus continuer, que si on s’aimait, personne ne devait plus supporter cette situation. Ça a été très dur, et même si je lui ai expliqué que je faisais ça justement parce que je les aimais, ça l’a fait souffrir d’entendre la vérité sur ce que je pensais, ce que je ne supportais plus, ce que je vivais… J’ai cru qu’on allait devoir prendre beaucoup de temps avant d’avoir envie de se revoir.
A notre grande surprise, on a mis une semaine non seulement à se recontacter, mais à devenir proches puis complices. Maintenant, même si certains travers de ma famille reviennent parfois, je le prends différemment, avec beaucoup plus de recul. Mais je ne me force plus, sauf si je vois qu’en face ils font des efforts pour me garder près d’eux, là je joue le jeu.
Ça en vaut le coup aussi, quand c’est encore possible de ne pas s’éloigner (pour sa propre survie), et si on en a vraiment envie de donner une chance à sa famille, mais sans se renier.
Et si ma mère n’avait pas aussi bien réagi, je pense que j’aurais fait comme toi: m’éloigner pour cultiver notre bonheur en famille, ma famille.
merci de ce billet plein de sincérité