J’ai toujours trouvé un peu idiot de rédiger un article publiquement en s’adressant à une personne qui de toute façon, ne pourra jamais le lire. En fait, j’ai déjà trouvé ça franchement con, pour parler honnêtement.
Et pourtant. Cet espace, aussi public soit-il, est avant tout le mien. Ces articles que je rédige, ils sont des bouts de vie que je partage, mais que je garde aussi, du même coup.
Et puis ces mots, j’ai besoin qu’ils s’expriment, besoin de les poser quelque part, comme ça, presque sans y penser.
Ce blog est sûrement, le meilleur endroit pour ça.
Alors voilà. Nous sommes le 14 juin, et aujourd’hui, tu aurais eu soixante-trois ans.
Je peine un peu à y croire et à réaliser, soixante-trois ans, ça sonne tellement vieux, au regard du jeunot que tu étais quand tu nous as quittés. Soixante trois ans, c’est plus de soixante, ça sonne vieillot, ça fait papy, alors que moi, je n’ai toujours connu qu’un éternel gamin.
J’ai toujours aimé les 14 juin. Dans mon cœur de petite fille, c’était l’un des jours les plus importants de l’année. Je m’attachais à préparer discrètement une surprise, un petit cadeau. Je m’empressais d’envoyer ce que j’espérais être le premier texto de la journée. Enfant, j’avais hâte de t’offrir un petit quelque chose que j’avais moi-même confectionné, la petite carte que j’avais bidouillée sur l’ordi puis imprimée. Plus tard, je m’impatientais de pouvoir t’offrir un petit cadeau acheté avec l’argent de poche mis de côté.
Je me souviens d’un quatorze juin où j’ai réussi à te faire pleurer avec trois fois rien. Un morceau de gâteau, une bougie et quelques mots. Et de cette année où j’ai débarqué par surprise dans ton fief breton, le permis à peine empoché.
J’ai toujours aimé le quatorze juin. Même s’il est différent depuis presque 6 ans.
Ces 6 dernières années, tout a tellement changé. Je ne suis même pas sûre que tu t’y reconnaîtrais.
Lorsque tu es parti, j’avais le ventre rond, enfin… plutôt qui s’arrondissait doucement. Là dedans se cachait une toute petite fille, qui deviendrait plus tard, l’aînée d’une fratrie de 3. Souviens-toi, tu trouvais déjà ça tellement fou de me savoir bientôt avec un gamin. Moi, la petite jeune un peu folle, presque instable, future maman. Dis toi que maintenant, ils sont 3. 3 petits êtres plein de vie, qui malheureusement, n’auront pas eu le temps de connaître leur papy.
Sûrement l’une de mes plus grandes blessures de maman.
Je nous imagine tellement bien, ce quatorze juin, sous le soleil breton. Attablés en terrasse à prendre l’apéro. A regarder les mômes jouer, profiter de la balançoire et du toboggan que tu leur aurais installés. J’imagine les rires résonner dans la maison. Je vois tes yeux pétiller et ce sourire qui te trahissait tellement souvent. Toi, qui voulais plein d’enfant, et qui n’en a eu qu’un. Je t’imagine faire le clown avec la Maxi-Fille. Caresser ses cheveux, l’envoler dans les airs, l’emmener faire du bateau. Je l’entends presque rire aux éclats, au loin. Je t’imagine pouponner mon Micro-Bébé. Je vois ses bouclettes nichées contre ton torse, je la vois rebondir sur tes genoux en riant. Je te vois fièrement offrir au Mini-Fils, ces petites voitures qui étaient miennes 20 ans plus tôt. Je touche presque du doigt cette complicité et ta patience à partager des temps de jeux.
En fermant les yeux, je devine les regards émerveillés et heureux de mes enfants. Je vois le tien briller de bonheur et de fierté.
Sûrement que, même du haut de mes 30 ans, je serai venue poser mes fesses sur tes genoux. Qu’est ce que tu veux, on se refait pas, et un papa il faut en profiter. Surtout un comme toi.
Si je me laissais aller, si j’ouvrais la porte à mes émotions, je te dirai que putain, il est franchement rude ce 14 juin. Que tu me manques affreusement, que j’aimerai tellement tout claquer, prendre la voiture et faire ces 500 bornes, pouvoir débarquer à l’improviste dans ton jardin et vivre ces moments là normalement, comme si de rien n’était.
Te présenter mes mômes, t’entendre me chambrer avec la complicité de celui qui est depuis devenu mon mari. T’amener un gâteau plein de sucre, entendre ton rire et te voir souffler tes bougies. Te taquiner parce que dis donc, soixante-trois ans, tu deviens sacrément vieux.
Si je me laissais aller, je te dirais que c’était bien trop tôt, quand tu m’as faussé compagnie. Je te parlerai de cette boule dans la gorge qui ne va pas me quitter de la journée.
Mais je ne suis pas comme ça, je ne suis pas de celles qui se livrent, alors je te dirai juste, bon anniversaire, mon vieux !
Ton texte est très beau. Je suis sûre qu’il aurait adoré ta vision du monde avec lui <3
Très touchant , pelin de courage pour cette journée et un belle anniversaire à ton papa :(
Tout simplement magnifique ton texte.
Ces journées ne sont pas facile et bientôt la fête des pères je compatis
Des bisous fort madame <3 !! Je te ferai bien un énorme câlin la !! Il aurait adore la personne que tu es devenu j'en suis sûr : une super maman
Très émouvant et de là où il est il doit être bien fier de cette belle tribu que vous êtes. Des bisous
bravo et merci de partager tant d emotions et en meme temps de pudeur :-)
Beau, touchant et plein d’émotion ❤
Comme dans un doux films… J’ai imaginer chaque scène que tu as d’écrit ,ressenti chaque eémotion que tu as transcrit…tu m’as emporter dans ton voyages <3 sûrement parce que le mien lui ressemble…parce que le manque est ici aussi trop fort!!
Bon anniversaire vieille canaille !!
Ta fille t'aime <3 Soit fier , elle est qq1 d'extraordinaire :-*
(Je suis une maman patate a qui comme a toi son père lui manque…)
Ton texte sonne juste, il est bien écrit, rempli d’émotions et très personnel…pour autant, à aucun moment on ne se dit mais on s’en fout quoi… car on te lit avec tout autant d’émotion et de plaisir…
ça fait du bien d’écrire les choses parfois… peu importe si la personne ne peux pas te lire… et puis qui sait d’abord?!
Il est difficile de ne pouvoir partager le bonheur de devenir maman avec des proches disparus… alors j’imagine bien ce que doit représenter l’absence de ton père…
A bientôt…
Très touchant
Très beau texte, ça m’a donné les larmes aux yeux…plein de bisous
juste parfait… tout y est dit… non plutot écrit…
Merci <3
Comme c’est fort… J’en suis remué (d’autant plus que l’anniversaire de Voilamaman est également le 14 juin) et pense fort à toi Des bisous