S’il y a bien une chose que je m’étais toujours promise, c’était de ne jamais faire vivre une séparation à mes enfants.
Moi même enfant de divorcés, je n’ai que trop connu le déchirement de quitter la maison familiale pour un lieu inconnu, la douleur de laisser papa de son côté pour vivre au quotidien avec maman, l’enfance rythmée par les querelles d’adulte, le week-end sur deux et la moitité des vacances scolaires.
Je me l’étais jurée, comme on se le jure quasi tous lorsque l’on décide d’avoir un enfant. Ce sera pour la vie, jamais on ne se séparera, on fera tout pour sauver notre couple s’il subit des remous, parce qu’il y a entre nous un ou plusieurs petits humains qui nous aiment et que nous nous devons de leur offrir un foyer doux, aimant et uni.
Et puis il y a la réalité de la vie qui parfois vient tout chambouler.
Il y a eu de longues années pendant lesquelles on a fait comme si tout allait bien. Ou presque. Des parents qui se disputent sans cesse et finissent par ne plus se parler pour autre chose que se brailler dessus, c’est pas très « tout va bien ».
Alors j’ai pris ma décision. Je suis partie.
Je suis cette mère qui a dit « on se sépare, je m’en vais, c’est terminé ».
Celle qui a demandé un poste à 500 kilomètres de là. Celle qui a organisé son déménagement, trouvé un autre logement. Celle qui a quitté papa.
Celle qui a ruminé pendant des mois à l’idée de faire vivre à ses mômes ce qui a flingué sa propre enfance 28 ans plus tôt. Est-ce juste, de faire subir un divorce à des petits de 6, 8 et 10 ans ? Est-ce le rôle d’une mère de provoquer une situation qui les rendra à coup sûr tristes, voire malheureux ?
J’ai hésité, avancé, reculé, re avancé, re reculer. Et puis j’ai acté la séparation.
Parce que j’ai estimé que vivre avec deux parents malheureux qui ne s’adressent plus la parole autrement qu’en hurlant ne rendrait pas mes enfants heureux non plus.
Parce que j’avais conscience qu’il n’y avait plus d’amour dans ce couple parental depuis longtemps.
Parce que je ressentais le besoin de les extraire de cette ambiance beaucoup trop lourde pour des enfants, pour les protéger avant tout.
Parce que je les aime surtout, et que leur papa aussi. Que je ne voulais pas les faire grandrir dans le mensonge d’une vie de famille parfaite sur le papier mais gangrenée en réalité. Parce que nous leur devions la vérité.
Parce que je ne voulais pas faire semblant. Pas leur faire porter le poids une fois adulte de deux parents qui ont sacrifié leur bonheur pour eux. C’est trop lourd, et ce n’est pas l’image que je veux transmettre à mes enfants.
Leurs parents sont humains, et les relations humaines sont rarement sans aspérité.
Ils ont entendu. Compris, un peu. Accepté, pas forcément.
On a beaucoup parlé, échangé, mis des mots sur les émotions. Il y a eu les larmes et les « mais moi j’voulais pas que vous vous sépariez ». Il y a eu cette phrase que j’aurais aimé qu’on me dise quand j’étais enfant…
« Papa et maman ne s’aiment plus, mais ils vous aiment vous toujours autant. C’est papa et maman qui divorcent tous les deux, pas vous ».
Il y a eu les cartons et le camion de déménagement.
L’excitation de découvrir leur nouveau chez eux, la tristesse de voir leur chambre se vider de sa vie. Les angoisses parce que « papa il va être tout seul » qu’il a fallu rassurer. Il y a l’intelligence de deux adultes qui ont fait le choix de rester soudés malgré tout pour les enfants.
La première soirée de rentrée scolaire sans papa à la maison. Les séances de poney rien qu’avec maman. Quelques coups de blues le soir au coucher. Les photos de la vie d’avant qu’on accroche au dessus des lits comme des trophées.
Et puis il y a peu à peu, de nouvelles habitudes de vie.
Nos enfants savent qu’ils peuvent compter sur nous, peu importe les kilomètres qui nous séparent désormais. Ils nous entendent maintenant nous parler de façon apaisée. Faire de notre mieux ensemble pour les rendre heureux. Nous avons fait le choix de laisser les rancunes avec notre couple et d’entamer une nouvelle relation, celle de deux parents qui aiment leurs enfants avant tout.
Je n’ai pas réussi à leur offrir des parents unis qui restent ensemble toute leur vie. Pas réussi à les préserver du déchirement d’un divorce, de cette sensation de manque de l’autre parent, du « chez papa, chez maman ».

Ils ont deux maisons. Deux fois plus d’amis. Une famille enrichie. Et surtout ils redécouvrent les moments de plaisir familial, les soirées canapé, les sorties sans dispute parentale en amont, le bonheur d’être ensemble dans un climat apaisé.
Avec eux, j’apprends et encore. Que nos idéaux ne sont pas toujours possibles à réaliser, et que ce n’est pas grave au fond.
Que le chemin n’est pas toujours tracé comme on l’avait imaginé, mais que le voyage peut rester beau malgré tout.
Je suis en plein dedans aussi…je tiens pour mes enfants,c’est tellement dur de ne les voir qu’une semaine sur 2…mais comme vous dites, au moins,ils ne voient plus leurs parents se dechirer…bon courage !
Je pense vraiment que des parents épanouis font des enfants épanouis, il faut se faire confiance même si les débuts sont difficiles. Bon courage à vous <3