Tu as porté la vie, ou tu la portes encore.
Tu vas donner la vie à un être magnifique, le trésor de ta vie.
Tu t’attends à vivre une belle aventure.
T’es pas naïve, non. Tu sais bien qu’il y aura parfois quelques embûches sur le chemin, mais quand même, ça devrait être que du positif, tout ça.
Oui.
Oui si tu rentres dans les cases. Oui si tu te fiches du jugement et de la pression que l’on mettra sur toi au quotidien.
Parce qu’attention, tu vas être mère. Mère quoi, maman. Ça rigole pas.
On a beau être en 2016, j’ai parfois l’impression que le domaine de la maternité est un peu le royaume des clichés, un royaume où le maître mot est un peu « tu es mère, alors ferme ta bouche et consacre toi à ton môme. Oublie toi. Tu es secondaire, toi, femme. Ta vie c’est avant tout ton enfant ».
Tu es mère. Tu vas forcément allaiter. Le lait maternel est ce qu’il y a de meilleur pour ton enfant.
Que ce soit TON corps, ton envie, celle de ton couple, que tu sois à l’aise avec l’allaitement ou non. Merde, tu devrais l’allaiter ce môme, le prive pas de ce que tu pourrais lui apporter de mieux.
Tu ne vas jamais laisser pleurer ton bébé. JAMAIS. Même pas quand tu auras besoin de 5 minutes pour souffler parce que t’auras enchaîné les nuits pourries et que tes nerfs seront à bout.
Tu es mère bordel. Tiens toi bien, reprends toi. Une maman, ça n’a pas de faille, surtout pas. Tu prends sur toi, tu mords ta chique et tu souris au 40 ème réveil de la première partie de nuit. N’ose surtout jamais dire que ça te gave de pas dormir, que t’en peux plus, que tu l’as laissé pleurer 5 minutes parce que tu te sentais pas la force d’y aller.
Oublie tes ambitions professionnelles. Non, tu ne dois pas reprendre le boulot à la fin de ton congé maternité. C’est pas bon pour ton môme, tu vois. Pour son développement neurologique, il a besoin de sa maman, on laisse pas un môme de 3 mois à la crèche. C’est cruel de le couper de sa mère comme ça.
Quoi ? T’as besoin de sous pour bouffer et t’habiller ? What ? T’as ENVIE de reprendre le boulot et de retrouver ta vie sociale ?
Mais tu es mère voyons, arrête ça tout de suite. Ton envie elle passe bien après, ton banquier aussi. Ton môme il doit être avec toi, pas 10 heures par jour dans les bras d’une inconnue.
Arrête donc un peu de penser qu’à toi.
La pression, on l’a pour tout. Et tout le temps. T’allaites ou pas, tu co dodotes ou pas, tu files ta tablette à ton môme de 2 ans ou pas, tu bosses et tu délaisses ton mômes pour tes collègues ou au contraire t’as sacrifié ta carrière pour tes enfants, tout tout tout sera prétexte à te coller sur le dos une culpabilité de merde parce qu’à un moment dans ta vie t’as osé (ou pas) penser à toi avant de penser à tes mômes.
Okay. Etre maman, c’est une vraie responsabilité.
Nos choix influent directement sur ce que sont nos enfants. Ouais.
Mais, suite à un débat un peu « tendu » sur Twitter ce matin, je me suis interrogée, et je ne comprends toujours pas.
Comment, en 2016, peut-on encore vouloir nier l’être humain qui sommeille en toute mère, au nom du bébé ?
Comment peut-on encore croire que l’épanouissement de l’enfant ne passe pas avant tout par celui de la maman ? Une maman qui allaite à contre cœur, qui se bouffe parce que ça lui correspond pas, qu’elle n’y arrive pas, qu’elle s’y retrouve pas, ne ferait elle pas mieux de s’écouter et de préparer un biberon ?
Une mère qui reste avec ses mômes H24 parce que « c‘est ce qu’il y a de mieux pour leur développement« , qui se ronge dans ce foyer qu’elle finit par ressentir comme une prison, qui s’épuise et se sent mal tout le temps, est-elle dans la meilleure disposition qui soit pour passer du temps agréable avec ses enfants ?
J’ai un doute. Really.
En 2016, je suis convaincue qu’au delà de toutes les préconisations idéales qui puissent exister dans le guide de la super maman, il faut avant tout que la maman fasse en sorte d’aller bien.
De se sentir bien. Raccord avec ses choix. A l’aise dans ses baskets et dans son quotidien.
Je fais partie de ces mères qui ont collé leur môme de 8 semaines 10 heures par jour dans les bras d’une nounou. Par CHOIX. Parce que j’avais une opportunité professionnelle à ne pas rater, parce que je ne me sentais pas à ma place non stop à la maison, parce qu’une vie extérieure me manquait.
Les neurones de mon fils semblent aller plutôt bien. Il n’a pas subi une mère déprimée non stop avec lui, il a eu une maman moins présente, mais plus joyeuse, plus épanouie pour ces quelques heures passées avec lui.
Et quand bien même ça n’aurait pas été un choix. Pour l’alimentation, pour le sommeil, pour les couches pas lavables et les petits pots industriels, j’ai fait et je continue au quotidien de faire comme je peux, avec mes points forts et mes failles d’être humain.
Parfois, je me dis que j’aurais pu faire mieux.
Il m’arrive d’avoir quelques regrets.
Je suis assez grande pour les avoir toute seule et me bouffer les doigts à posteriori. Je n’ai pas besoin du jugement à l’emporte pièce de la société et de cette pression de merde qui la multiplie.
MERCI!!!!!!!