Et si Monsieur Mini était mon préféré ?
Quand il est arrivé, Dame Maxi avait 23 mois.
Sur ces 23 mois, nous en avions passé presque 18 en tête à tête, rien que toutes les deux, le papa étant plus absent que présent, boulot oblige.
18 mois, seules, entre filles. Maman et son bébé. Et personne d’autre.
Ça crée des liens.
Les repas, les bains, les nuits, les câlins, les maladies, les balades, les progrès, les premières fois, les angoisses, les petits malheurs, les grands bonheurs. Tout. Avec Maman.
Ce qui est vrai aussi dans l’autre sens.
Les moments tendres, les instants câlins, les bisous, les soirées télé, les coups de folie, les coups de blues aussi, les besoins de réconfort après une sale journée, les rires, les jours et les nuits. Tout. Avec son bébé.
18 mois, sur 23. A avoir un mari en pointillé, du vendredi soir au dimanche midi. A avoir un papa entre guillemets, pour un week-end, à peine.
Résultat, avec Maxi, c’était fusionnel. Une complicité indescriptible, des moments de bonheur forts, des souvenirs merveilleux gravés à jamais.
Alors, quand Monsieur Mini a fait son apparition dans mon bidon, forcément, je me suis posé des questions.
Comment est-ce que j’allais bien pouvoir gérer ça ?
Y aurait-il suffisamment de place ? Est ce que j’aurai assez de temps ?
Est- ce que j’aurai assez d’amour ?
Ce petit garçon là, est-ce qu’il n’allait pas être un peu de trop, quand même ?Et si je ne l’aimais pas assez ? Non parce que j’ai déjà ma fille. Ma fille, c’est TOUT. Comment je vais faire, avec DEUX ?
Ces questions, je crois qu’elles sont normales, que chacune se les pose, que c’est même plutôt sain après tout, de s’interroger. Parce qu’on ne sait pas, c’est l’inconnu. Et c’est aussi un peu la magie de la maternité. On croit que l’on sait ce que c’est, aimer. On aime son conjoint, tellement que l’on s’apprête à lui faire un enfant. Et puis arrive le bébé. Et on se dit « whaou, je pensais pas que je pourrai aimer AUTANT, encore plus ». Et puis arrivent les nuits, les coliques, les pleurs. Et on se dit « whaou, j’aurai jamais cru que je pourrai supporter AUTANT. »
Et puis arrive le 2ème. Et on se dit « mince, j’imaginais pas que je pouvais aimer ENCORE PLUS ». Voilà.
Bref. Mini est donc arrivé.
En partant à la maternité, je pleurais. Pas de douleur (enfin, peut être un peu quand même…), mais de tristesse de laisser ma grande, sans savoir pour combien de temps.
Finalement, je suis sortie à peine 10h plus tard de la maternité. Par choix, parce que le confort y était trop spartiate, et aussi par empressement de retrouver ma grande.
Elle est revenue à la maison le lendemain. Elle a rencontré son petit frère. Quelques jours ont passé, et le mari m’a gentiment fait remarquer que dès que la grande apparaissait, je m’empressais de « jeter » Mini-Bébé.
Ca m’a piquée. Mais c’était vrai.
Et puis le temps a passé. Maxi a continué à passer ses journées chez la nounou, pendant que je passais mes journées à pouponner Mini-Bébé.
On s’est construit une relation, aussi, avec mon petit garçon.
Et puis il y a eu la reprise du boulot.
On s’est trouvé un rythme. Chacun a plus ou moins trouvé sa place.
Enfin, je crois.
Il me semble, du moins.
Mini a 2 ans. Maxi en a 4.
Mini est un enfant plutôt facile, malgré ses 2 ans. Il s’adapte assez vite, à tout. Même quand ça ne lui plaît pas. Il bougonne, mais finit toujours pas faire ce qu’on lui demande sans crise ni protestation. Il est compréhensif. Suffit de lui expliquer les choses, de lui demander gentiment.
Il est maniaque. Il range TOUT, tout le temps.
Il est du genre plutôt calme, il peut rester 1h à jouer tout seul dans son coin. Assez indépendant. Un câlin de temps en temps, 2 minutes à bras, un bisou, et il repart.
Il n’est pas forcément très bavard. Mini, c’est un peu la force tranquille, doucement le matin, pas trop vite l’après-midi. Cool.

Elle.
Maxi est plus révoltée. Plus vive, plus dynamique. Elle a besoin de bouger, de parler, de sauter, de danser. Besoin d’action, et d’interaction. Il faut sans cesse jouer, parler, rire, chanter. Elle a un caractère bien affirmé. Du genre qui sait ce qu’elle veut, et qui n’en démord pas. Elle n’aime pas le non. S’oppose, crie, hurle, tape du pied s’il faut. Elle négocie, essaye par tous les moyens ou presque d’obtenir ce qu’elle veut. Elle est bordélique, le genre de môme qui laisse tout traîner. Elle est très tactile. A du mal à passer 3 minutes seule dans son coin, peut venir toutes les 10 secondes nous faire un bisou.
Maxi, c’est un peu une tornade, une enfant emplie de joie de vivre et de folie et qui a besoin de le crier au monde entier.
Ils sont différents. Deux caractères affirmés mais quasi opposés. Un doux mélange, une belle complémentarité.
Seulement voilà. Mon caractère à moi, c’est un peu celui de Maxi.
En moins capricieux (parce que j’ai presque 30 ans, sûrement). En plus posé, plus réfléchi (pour la même raison, sûrement aussi).
En version j’aime le calme, la tranquillité. En plutôt indépendante, qui aime être seule et respirer.
Bref, deux caractères de feu, ça met de l’ambiance à la maison.
Alors régulièrement, j’ai droit à ça :
« de toute façon, Mini c’est ton préféré ».
Au début, je me suis vexée.
Pour tout dire, entendre ça, ça m’a fait mal, blessée.
Et puis j’y ai réfléchi, j’ai cherché pourquoi. Je me suis remise en question.
Etait-ce vraiment vrai ? Est-ce que moi, leur maman à tous les deux, à tous les trois même maintenant, j’avais vraiment une préférence pour mon petit garçon ?
Heureusement, la réponse est non.
Il n’y en a pas un ou une que j’aime plus ou moins que les autres. Mais il n’y en a pas non plus 2 d’entre eux ou plus que j’aime de la même façon.
Mini n’est pas mon préféré. Il est celui avec lequel j’ai la relation la plus facile, la plus lisse aussi peut être. Parce qu’il a un caractère qui s’accorde bien avec le mien, sans trop de vagues ni d’étincelles. C’est pour ça, d’ailleurs, que ressort pour beaucoup cette impression qu’il est le préféré.
Parce qu’avec Maxi, on est davantage dans l’opposition, dans l’amour au clash, comme s’il y avait un besoin perpétuel de mouvement dans la relation. Il faut que l’on se cherche, quand elle ne vient pas me titiller, c’est moi qui vais à elle pour la taquiner. C’est plus vif, plus sanguin.
Mais je ne l’aime pas MOINS.
Ils sont deux êtres différents, presque opposés.
Et moi aussi, je suis une maman différente avec chacun d’entre eux.
Je les aime différemment. Différemment dans la façon de vivre la relation, mais pas dans l’intensité.
Parce que quand je pense à ELLE, quand il m’arrive de m’imaginer que quelque chose pourrait lui arriver, quand je la vois pleurer, quand je la ressens triste, j’ai le coeur aussi serré, l’estomac aussi noué, les tripes aussi écorchées que lorsque j’ai les mêmes pensées pour LUI, ou pour la Micro-Soeur qui est récemment venue les compléter.
Ils sont mes bébés.
Je suis leur Maman.
Et ce que je préfère dans tout cas, c’est de les avoir tout les 3.
Wouaww j’en ai les larmes aux yeux <3.
Sûrement aussi parce que je viens d'avoir mon 2nd, qu'aussi j'ai construit une relation très forte avec mon aînée pendant 20 mois, que j'ai tout appris avec elle et qu'aussi j'ai commencé par "jeter" bébé quand elle arrivait, et peut-être aussi parce que c'est trop frais (1 mois seulement) et que j'ai peur de moins l'aimer ELLE mais de ne pas assez l'aimer LUI. (maintenant je pleure carrément).
Superbe billet. Quel Amour tu donnes !
Sandrine
C’est encore une fois un très bel article, chapeau bas comme dirait mon crapaud ;)
Un très bel article !!! J’avais justement écrit un article sur le fait d’avoir un second enfant et la peur de l’aimer moins … ce qui au final n’est pas du tout le cas :-)
http://confidencesdemaman.fr/a/2014/02/laimerais-je-autant-que-le-premier/
Quel billet ! Quel billet !! Et toujours tellement de similitude dans la relation avec nos enfants! Tu exprimes cela tellement bien…et tu me fais réfléchir, encore. :-)
Comme toi ma grande a été mon exclusivité pendant mon congé, elle est réservé mais explosive, câline, intellectuelle et très réfléchie, sur la réserve et angoissée….Num2 c’est une mini moi. Qui me ressemble donc pleine de joie et de gaieté mais aussi colérique et simple finalement (une colère et puis s’en va…) bref je ne vais pas pourrir tes commentaires mais je le reconnais dans cette question angoissante surtout lorsque j’ai su que mini2 serait une fille!!
Je me dis de toute façon que personne ne mesure tout l’amour qu’on leur porte dans nos cœurs alors les avis extérieures……..pffff ce ne sont que des avis sur de courts instants de nos vies.
Des bizzzous et on se voit la semaine pro alors ?
Ma peur aussi; aimer moins bb2 que bb1 !!! Ce que tu dis a tendance à me rassurer by the way
Bravo pour ces mots
Très bel article, rassurant un peu pour moi qui débute dans cet univers de 2 enfants.
Bisous copine
C’est aussi exactement ce que je ressens pour mes loulous
ils sont différents, notre histoire ensemble est différente, nos relations sont différentes, les sentiments sont différents, mais pas plus ou moins fort
Bref, très joli billet :)
Très joli post, as always <3 Je me suis posée beaucoup de questions avant d'être enceinte de LittlePirate. Etant fille unique, j'avais beaucoup de mal à me projeter avec une fratrie (même si je ne voulais surtout pas que SweetPrincess reste fille unique). Et puis, dès que j'ai été enceinte c'était fini. Et comme toi je les aime différemment parce qu'ils sont différents. Ma fille c'est celle qui m'a fait devenir maman, c'est ma grande et j'aime faire des sorties en tête à tête avec elle, entre filles. Avec mon mini à moi il y a ce lien particulier du petit garçon avec sa maman (qu'il regarde comme la 8e merveille du monde) et j'aime regarder grandir un petit mec.
Sinon, ton post m'a fait penser à un très joli livre que je lis à SweetPrincess, "Vous êtes tous mes préférés". Il est très joliment illustré et ce serait une bonne lecture pour Maxi.
http://www.ecoledesloisirs.fr/php-edl/catalogues/fiche-livre.php?reference=74216
Je ferai peut-être un billet dessus prochainement du coup (merci pour l'inspiration !)
Bonne fin de semaine bretonne :-)
C’est intéressant d’avoir l’avis d’une maman de trois enfants. C’est vraiment une question que l’on se pose toutes. Est-ce qu’il est possible d’aimer autant un autre enfant? Merci de nous rassurer et de nous dire que oui, c’est possible et qu’en plus tout ça se fait naturellement :)