On a essayé, vous savez. On a voulu vous protéger pendant des années.
Je le vois, sur les photos. Chacune de ces photos de famille lisse et parfaite cache une engueulade parentale, avant ou après.
On a essayé. Surtout ces deux dernières années.
Il y a eu ces vacances d’hiver 2019, presque parfaites. On en a fait des trucs tous ensemble, et même que c’était bien.
On s’était promis de tout donner. Communiquer. Partager des moments tous les deux. Mettre de côté nos rancoeurs et avancer.
On a essayé les soirées baby-sitter et restau en amoureux.
On a essayé les petites attentions. La tendresse. Les câlins. Les sorties en famille. La patience qu’en met à rude épreuve pour se convaincre que ce qui nous irrite tant au quotidien n’est pas si grave au fond. On a même essayé le sexe, tiens.
On a essayé mais soyons honnêtes, c’était déjà foutu depuis longtemps.
On a eu envie d’y croire, envie d’avoir envie. Pour vous. Nos mômes. Pour ne pas perturber cet équilibre que l’on a tant essayé de vous construire. Pour ne pas que vous ayez des parents séparés. Pour que vous conserviez une jolie famille, une stabilité.
On leur dira qu’à deux, on s’rendait malheureux.
Ben Mazué
On leur dira que l’un sans l’autre on fera beaucoup mieux.
On a même fini par se dire que tout seuls, on y arriverait pas.
Alors on est allés voir une pro. Thérapeute familiale, comme on dit.
2020 a commencé comme ça. Après une dernière soirée de 2019 où je me promettais que c’était le dernier nouvel an que je passais dans cette ambiance là.
On a discuté, échangé, déballé nos petites rancunes et grosses déceptions. Et puis c’est devenu évident.
Au délà des rancunes et des déceptions, y’avait surtout plus de sentiments depuis longtemps.

Plus cette petite flamme qui te fait vibrer quand tu vois l’autre, plus ces petits papillons qui te donnent envie de le dévorer là maintenant, tout de suite, sans raison.
C’était vide, creux. Y’avait plus que de la rancune, plus que de la frustration et de la déception.
C’était pas la peine d’aller plus loin, on le savait. On a fait comme si quelques temps, pour nos enfants. On a continué à essayer malgré tout, avant de passer en mode coloc’ histoire de se dire qu’au moins, l’équilibre restait. On n’était pas des parents séparés. Y’avait pas de chez papa, chez maman.
Je me suis sentie mourir à petit feu. M’éteindre. Je me suis vue devenir absente même quand j’étais là. Faire des journées à rallonge au boulot, aller courir des heures en rentrant. Eviter au maximum d’être à la maison. Dormir, beaucoup. Passer beaucoup trop de temps sur les réseaux sociaux.
Je me suis prise les mots qui blessent en pleine face, et j’ai eu de plus en plus de mal à les supporter. J’ai peu à peu pris conscience de la violence presque silencieuse dans laquelle nous vivions.
On a essayé, vous savez.
Promis. On a voulu y croire, pour se dire qu’on avait quand même pas fait 3 mômes pour leur faire vivre ça. Pour se dire qu’on pouvait pas tout rater comme ça.
Mais parfois, vouloir ça suffit pas. Quand il ne reste plus que du ressentiment et du négatif, quand la tension entre deux parents est trop forte, quand on n’a plus rien de positif à vous partager, quand on ne peut plus vous partager la tendresse et la douceur d’un couple amoureux, alors il est temps.
Temps de vous dire qu’à deux, on s’rendait malheureux.
Temps de vous dire que l’un sans l’autre on fera beaucoup mieux.
Beau texte. Bonne route a tous. J’étais dans le jugement au début. Mais tu as bien fait de partir.
Quel beau texte, je suis émue de vous lire. Je vous félicite d’avoir pu franchir le pas, moi je n’ai pas encore réussi. Belle vie à vous et vous avez bien raison, il es plus que probable que l’un sans l’autre vous ferez beaucoup mieux! Bon courage pour la suite.
J’aurai tellement pu dire tous ces mots aujourd’hui.
Je vis la même situation, je t’envoie tout mon soutien, une belle reconstruction de toi même, c’est dur, mais on fera beaucoup mieux