Mouais. Bon. Je sais pas.
J’echangeais il y a quelques temps avec un coureur de mon entourage (aguerri, le coureur), et on parlait musique et course à pied.
Lorsque je lui ai dit que je ne savais pas courir sans musique, il m’a rétorqué :
« ah ouais, en fait t’aimes pas courir »
J’avoue que ça m’a laissée un peu sans voix. Parce que j’avais jamais réfléchi à la question et que forcément, j’avais aucune réponse construite à lui apporter.
Je lui ai donc demandé de me préciser ce qui lui faisait dire ça.
« Bha, si t’as besoin de t’occuper l’esprit quand tu cours, c’est qu’au fond t’aimes pas vraiment ça ».
Ça se tient, c’est pas idiot comme raisonnement.
Après tout, je suis la première à dire que j’aime sûrement pas le café puisque je suis infoutue d’en avaler une tasse sans sucre et/ou sans lait… Alors peut être que mon raisonnement peut s’appliquer à la course à pied.
Genre, si t’aimes vraiment ça, alors juste courir te suffit.
Mais dans ce cas là, juste courir alors. Pour de vrai. Genre tshirt short baskets et en avant Guimguanp, on y va et on kiffe sans aucun apparat (incluant tout outil permettant de mesurer la durée, la distance parcourue, les battements de ton petit coeur ou le magnifique gribouillis réalisé sur la carte Strava).
Est-ce que, dès l’instant où on a besoin d’autre chose que de ses pieds pour aller courir, c’est qu’on aime pas vraiment ça ?
J’en sais rien hein les gars, j’me contente de poser la question.
Pour ma part, j’avoue, sans musique je me fais chier.
Moins qu’à mes premières sorties, mais je ferai pas 20 bornes juste au son des oiseaux et des pots d’échappement.
Je pourrai les faire sans montre je pense (à condition de connaître le parcours et de pouvoir savoir à peu près où j’en suis au jugé), mais sans musique ça me paraît franchement compliqué.
Peut être que, si j’avais pas le choix, et que j’étais suffisamment motivée, je le ferai hein, mais je suis quasi certaine que je devrais y aller au mental et que je m’emmerderais rapidement.
Ouais. C’est ça mon problème en fait.
Je m’emmerde vite (et pas qu’en courant en fait, tout le temps).
J’ai l’esprit qui divague vite et cogite à la vitesse de la lumière, sautant de sujets de merde en réflexions philosophiques moisies.
Et ça me disperse ces conneries.
La musique, ça me permet de canaliser mes pensées, sinon de les faire taire après quelques kilomètres. Je me concentre sur le son, je chantonne dans ma tête, et petit à petit j’arrive à décrocher. Je cours, j’avance, j’oublie pourquoi je suis là, combien de temps il me reste, quelle distance j’ai parcouru, je me mets à observer le paysage autour de moi, à savourer l’air contre ma peau, bref, à profiter de ma sortie.
Lorsque j’ai commencé à courir, je ne pouvais pas courir sans musique. Genre playlist finie, je m’arrête et je relance le son. Pas de batterie sur le téléphone pour lancer spotify : pas de sortie.
Aujourd’hui, je suis moins radicale. Ce soir ma playlist s’est finie alors qu’il me restait 2 bornes à faire, bha je les ai faites sans, la flemme de casser mon rythme si près de la fin pour pas grand chose finalement.
Et en effet, soyons tout à fait honnête, j’ai vécu ces 2 km différemment.
J’ai davantage regardé autour de moi, davantage écouté mes pieds frapper le sol et les cailloux crisser sous mon poids, mais clairement m’entendre haleter comme un boeuf m’a moyennement fait kiffer et rapidement j’ai zyeuté ma montre en mode « bon c’était bien sympa mais quand est ce que c’est fini ?« .
Je kiffe davantage sur course officielle où je me suis souvent surprise à ôter mes écouteurs pour papoter avec un autre coureur ou me laisser porter par l’ambiance ou me perdre dans les conversations entendues ici ou là.
Pour autant, j’ai toujours une playlist lancée et mes écouteurs à portée de main. Ça me rassure, je sais que si je me laisse dépasser par mes pensées, si je suis en difficulté, si je me demande ce que je fous là, j’aurais ma musique comme filet de sécurité.
Et donc, est-ce que je n’aime pas courir ?
Bha. Je pense que si.
J’ai toujours aimé courir en fait (enfin, sauf les tours de stade contrainte et forcée au collège, évidemment). Mais depuis que j’ai volontairement commencé la course à pied, depuis mes 700 premiers mètres, j’ai la sensation d’aimer ça.
De suite, malgré mon presque poumon en moins, j’ai eu envie d’y retourner.
Je saurais pas l’expliquer. J’aime me sentir en mouvement, j’aime les sensations que courir me procure, j’aime ressentir mes foulées, j’aime bien sur me voir avancer et progresser.
Vrai que je m’ennuie vite, que je divague facilement, que certaines sorties sont de vrais sacerdoces de bout en bout, mais jamais je ne rentre en me disant « plus jamais ça« .
Chaque fois, j’ai envie de remettre ça, envie d’y retourner.
Je m’éclate, courir me fait du bien à la tête et au corps. En dépit de mes écouteurs sur les oreilles, je crois pouvoir dire que j’apprécie vraiment la course à pied, en tout cas j’apprécie ma manière de la pratiquer.
Est-ce de la « vraie » course ou de la course artificielle parce que biaisée par un artifice extérieur non naturel ? honnêtement j’en sais rien, et je m’en fous un peu.
J’ai la naïveté de croire qu’en mettant un pied devant l’autre, je cours. Et je suis égoïste quand je cours, je cours pour moi, me faire plaisir, éventuellement me dépasser, mais je n’ai pas d’autre ambition.
Voilà. Je pense avoir construit ma réponse à la petite réflexion lancé par mon pote le runner aguerri.
A votre tour de me donner votre avis, si le coeur vous en dit :)
En silence, toujours en silence. La musique me pollue la tête. J’aime bien avoir la pensée qui divague
Ah oui ? Je t’envie, j’aimerais savoir faire ça… La musique le seul inconvénient qu’elle me met c’est que je suis une quiche pour gérer mes allures, ça se cale sur le rythme de la playlist…