L’année de mes 30 ans pourrait se résumer à « crouler sous un tas de merdes assimilables à d’interminables sables mouvants ».
Cette année est désormais loin, très loin derrière moi.
La clé ? Une bonne dose de résilience et d’humilité.
Le temps aussi.
Et surtout l’action. Foutre un sacré coup de pied dans la fourmilière, claquer des portes et envoyer péter tout ce qui parasite l’esprit.
Mon seul regret étant de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Non pas que je sois profondément différente ou diamétralement opposée à celle que j’ai pu être avant. Le socle reste le même mais il est évident que cette période de ma vie m’a profondément transformée.
J’ai pris 4 ans, mais je me suis surtout développée, rencontrée en tant que personne et non plus uniquement en tant qu’épouse, mère, copine ou salariée.
J’ai appris à vivre pour et par qui je suis, en tant qu’être humain, ce qui n’était clairement pas le cas auparavant.
Avant, je vivais à travers le costume porté selon l’heure de la journée : la femme de machin, la mère de mon petit, la nana qui bosse à tel endroit, la copine de bidule, la blogueuse qui a 3 enfants rapprochés.
Costumes trop lourds, trop étouffants.
Depuis, je suis avant tout une nana. J’ai différents rôles à assumer, mais ils ne définissent et encore moins ne limitent ma personne ou mon champ d’action.
Je vis, certes, mais surtout, j’existe pour de vrai.
Je suis désormais consciente de tout un tas de choses qui ne m’avaient jamais effleuré l’esprit avant et qui me semblent tellement importantes maintenant.
Ce qui me manquait avant ? Etre actrice de ma vie.
Happée que j’étais par un quotidien qui me dépassait, j’en avais oublié de vibrer, de me faire vibrer.
J’en avais perdu une notion essentielle : à un moment donné, je ne savais même plus qui j’étais. Planquée sous tous mes costumes, envasée dans un quotidien pré-mâché, j’étais là sans être là, en mode robot : mômes, boulot, dodo.
Effacée, immobile ou télécommandée.
Ces dernières années, j’ai balancé mes costumes les uns après les autres, je me suis imposée, révélée.
J’ai pris conscience de l’enjeu, du temps qui passe et de toutes ces années qui ne se représenteront pas. J’ai choisi d’arrêter de les regarder défiler.
En dépit du regard des autres, me fichant bien de leurs avis.
J’ai fait des choix.
Les choix sont toujours soumis à la critique, surtout lorsqu’ils se rapportent à la maternité. La bien-pensance dit qu’une mère, voire qu’une épouse, doit être là, présente, disponible pour les siens. Que ce soit librement explicité ou non, la femme doit passer après.
Je ne suis pas épanouie en parfaite épouse qui cuisine, pas plus qu’en mère louve hyper présente pour ses enfants. Ce n’est pas moi.
Je n’en aime pas moins les miens, je leur exprime juste différemment qu’en faisant des gâteaux ou en ne travaillant pas le mercredi.
Surtout, je ne m’en cache plus. Je ne m’en justifie plus.
Même lorsque l’on me demande combien de temps je passe à courir, comment je fais avec les enfants. Même lorsque l’on m’impose un regard culpabilisant lorsque j’ose dire que je suis partie seule pour 3 ou 4 jours de rando, abandonnant mari et enfants. Même quand on juge la mère qui ose demander davantage de responsabilités, prendre le risque d’augmenter son temps de trajet pour s’offrir la carrière professionnelle qui la fait kiffer.
Avant, j’explicitais. Je ne le fais plus désormais.
Je suis la femme de mon mari, je suis la mère de mes enfants, mais je ne leur appartiens pas. Nos vies sont liées, mais nous sommes avant tout chacun des individus distincts et si l’un d’entre nous n’est pas épanoui, c’est tout l’équilibre qui s’en trouvera à terme fragilisé.
Je ne veux pas transmettre à mes enfants un message d’oubli de soi ou de soumission.
Je ne veux pas qu’ils s’engouffrent dans ce tourbillon qui consiste à oublier qui l’on est. Rien ne mérite que nous mettions en veilleuse qui nous sommes, ce qui nous fait du bien, ce qui nous porte et nous fait nous sentir vivants au quotidien.
Je veux qu’ils sachent que oui, la vie est pavée de contraintes incompressibles mais qu’un juste équilibre doit toujours être présent. Dès l’instant où une part de notre vie devient plus pesante qu’épanouissante, c’est qu’il y a un soucis et qu’il faut y remédier.
Je tiens à ce qu’ils sachent qu’ils ont le pouvoir de faire bouger les lignes, de ne pas subir. Qu’ils croient suffisamment en eux pour oser prendre des risques s’ils se sentent englués dans une situation confortable sur le papier mais qui ne les épanouit pas.
Je ne parle pas de foncer tête baissée dans tout et n’importe quoi.
Ce serait le meilleur moyen de se prendre des murs pour rien.
Je parle de prendre le temps de se donner les moyens, réfléchir au plan de route, analyser le parcours, intégrer les obstacles éventuels et accueillir les imprévus en se disant que pierre après pierre on approche du résultat qui nous fera du bien. Et surtout croire en soi et en ses capacités.
J’espère qu’ils sauront s’affranchir des cases et des carcans que l’on cherchera à leur faire porter.
Des messages entendus ici et là, de l’avis de l’entourage, de ceux qui diront que c’est de la folie et qui ne comprendront pas, du poids de la société qui trouvera dingue d’envoyer valser un confort pour des incertitudes, le poids de barrières que l’on se pose soi-même ou se laisse imposer sans même sans rendre compte vraiment.
J’espère que ces barrières, mes mômes sauront sauter par dessus allègrement ou même les enfoncer.
Que j’aurais été suffisamment convaincante dans mon message, que j’aurais su leur montrer le chemin de la confiance en eux et en leurs capacités.
Qu’ils oseront rêver, et agir juste après.
Au pire ça foirera et quoi qu’il en soit ils en sortiront grandis.
Au mieux ça fonctionnera et ils seront d’autant plus heureux et fiers de l’avoir fait.
Qu’ils sauront que tomber, c’est rien du tout. C’est mieux que de n’avoir pas bougé.

Et ton conjoint comment le vit il?
Bien franchement, il fait du sport aussi de son côté, certes moins mais il a quand même ses petits moments. Il a ses loisirs aussi, nos enfants sont plutôt grands maintenant c’est plus facile aussi…