Je ne suis pas sportive. Je ne l’ai jamais été.
Le sport a longtemps été synonyme de contrainte d’ailleurs, dans mon esprit.
Toute petite, j’ai fait de la danse. Enfin, j’étais inscrite à la danse. Classique, la danse, avec le tutu rose et tout et tout. Une brillante idée de ma mère, qui heureusement a vite trouvé mieux à faire de ses samedis matins que de m’emmener. Alleluia, autant te dire que je n’étais franchement pas dans mon élément.
Et puis il y a eu le collège et les cours d’EPS où tu te traînes ton sac de sport comme un boulet jusqu’à la séance et où tu regrettes de ne pas l’avoir oublié les portes du gymnase à peine franchies. Ces heures de cours où tu te sens aussi à l’aise en jogging que si tu étais déguisée en canard géant, où tu essayes de te faire la plus petite possible en espérant fort que ta piètre prestation passe inaperçue.
Voilà. Le sport pour moi, ça a toujours été ça. Au lycée, j’ai allégrement séché quasi tous les cours, sauf ceux de tennis de table, discipline pour laquelle j’étais plutôt douée et où je ne me sentais ni déguisée, ni ridicule dans l’effort. Un trimestre sur 3 quoi, et malgré tout j’étais tout de même bien contente quand il prenait fin.
Je me suis toujours arrêtée à des futilités d’apparence physique, je l’avoue. L’apparence, cette préoccupation qui passe avant tout ou presque pendant cette période magique qu’est l’adolescence. Le jogging n’étant pas la tenue la plus seyante qui soit, pas davantage que la tignasse attachée par pur côté pratique et le visage dégoulinant de sueur fasse le meilleur effet, je n’ai jamais été à l’aise pendant ces séances de torture, ce qui entraînait de fait une implication dans l’activité presque inexistante et donc des performances plus que moyennes, qui n’aident pas à être plus à l’aise etc etc… Le chien qui se bouffe la queue disons.
Histoire de boucler la boucle, en bon mouton adolescent, j’ai eu l’idée lumineuse de me mettre à fumer dès 17 ans, histoire de m’encrasser un peu les poumons.
Autant dire que jamais, non vraiment jamais, je ne me serai imaginée passer avec le sourire la double porte d’un Go Sport ou d’un Décathlon. Il y a quelques années encore, je riais tellement je trouvais mon mari ridicule lorsqu’il se préparait à sortir courir. T’es fou, jamais je ferai ça moi. Déjà j’en serai pas capable, et puis franchement, t’as un peu l’air con à courir comme ça après rien.
Et puis il y a 3 bébés. Un corps un peu marqué par ces 3 grossesses rapprochées, un esprit souvent fatigué, engorgé, trop plein d’émotions et de nervosité.
Une envie de souffler, d’extérioriser. Une sensation étrange d’étouffer parfois, un besoin irrépressible de prendre l’air, de sortir, de se vider l’esprit.
Il y a eu aussi, la grande décision. Fini les bébés, de quatrième il n’y aura pas. Ce corps là redevient mien, après 5 années intenses de location d’utérus et de prêt de seins à téter.
Admettre qu’en cinq années, il a bien changé. Apprendre à se le réapproprier, à le ré-accepter.
Et puis, il y a ce cap qui approche, la trentième bougie. La sensation d’être désormais une femme accomplie. Posée professionnellement, 3 beaux enfants, un couple solide mais tellement malmené par ces 3 tornades successives venues mettre la tempête dans nos vies.
Il y a plus d’un an maintenant, ma route a croisé celle d’une blogueuse au nom qui en dit long, et j’ai lu cet article là. Je me suis d’abord dit qu’elle était sûrement un peu folle, et puis le « whaouuu » m’est venu à l’esprit. Intérieurement, je me suis dit que jamais je ne serai capable de faire ça, j’ai admiré ce parcours de la nana qui part de rien pour devenir une sportive confirmée.
Pourtant dans un coin de ma tête, l’idée sommeillait.
C’est que ça doit faire du bien. Vider l’esprit. D’autre sport je ne m’imaginais pas. Je ne suis pas du tout sport collectif, et je déteste les contraintes. Devoir prendre ma voiture à jour et heure fixe pour traîner mes fesses dans une salle de gym qui ressemble davantage à un défilé de bêcheuses qu’à un endroit pour décompresser, très peu pour moi.
Mais en même temps, jamais je saurai faire ça. Quoique, elle est partie de rien aussi. On part tous de rien, finalement, peu importe que ce soit à 15 ou 30 ans.
L’idée a mûri, est devenue projet, puis défi. J’ai traîné mon mari dans un Go Sport, j’ai acheté des baskets, un t shirt et un collant. Pleine d’ivresse, je suis sortie sous la pluie, j’ai couru 10 minutes sur un sentier côtier, j’ai bien cru y avoir laissé un poumon.
Et puis une sortie, puis deux, puis trois. Le temps qui s’allonge, le souffle qui se met au pas. La fierté qui grandit. Alors je suis capable de ça, moi, vraiment ?
Alors si je peux ça, je peux peut être encore plus ?
Il y a eu les phases d’envie, d’euphorie du bon résultat, puis les moments de découragement. La sortie pourrie où tu arrives à rien et où tu te dis qu’en fait, c’est peut être pas fait pour toi. La motivation née de l’admiration de la copine qui se lance comme ça, just for fun, dans un semi marathon. (Cette fille est folle, sachez le). Puis la blessure, la pause forcée et les raisons toujours meilleures qui te disent que tu reprendras plus tard, à après.
Et puis la reprise. Le plaisir, le vrai.
L’adrénaline, l’oubli, la sensation de vide, de légèreté. Mieux que la drogue, et moins cher en plus.
Plusieurs fois en pleine course, je me suis demandée : mais tu cours après quoi, au juste !?
Et bien, je crois que je cours après tout ça.
Le vide, le décrochage, le bien être. Le moment magique où tu mets des baskets et déclenche la musique, à fond dans les oreilles, et l’environnement qui s’évanouit. Adieu fatigue, stress, cris et tensions.
L’accomplissement, le dépassement de soi. La fierté de l’après. La sensation tellement planante de l’eau bouillante qui te court sur le corps, après.
Le corps qui reprend forme, l’impression de se décrasser. De prendre soin de soi, d’être maître de soi, de laisser le corps reprendre ses droits après avoir tant donné.
Le bonheur, la légèreté, la fierté. L’esprit de groupe aussi, l’envie de toujours, davantage se surpasser. Exister quelques instants rien que pour soi.
J’adore cet article, j’ai vécu à un moment donné la même histoire à quelque chose prêt….4 enfants et tous super sportifs ainsi que le mari donc je me devais le devenir….je cours 3 à 4 fois par semaine, par tout les temps 10 kms environ à chaque sorties et, « que du bonheur »
Continuez et vous verrez le plaisir est toujours là lorsque l’on chausse ses baskets et, on devient même fashion mode sportive avec une belle collection de chaussures running….
Et bien j espère pouvoir suivre ton parcours comme tu l as fait grâce à l autre blogueuse sauf que moi se sera grâce à toi.
Mon doc me dit souvent de partir courir pour le bien être de ma tête mais comme toi je me dis » j’en suis bien incapable »…
Je lis énormément d’articles en ce moment sur des filles qui se mettent à courir en partant de zéro, et ça me motive à fond pour m’y mettre aussi !! J’ai acheté tout le matos, demain je me lance ! \o/
Et bien, j’ai adoré partagé ton histoire sportive. Différente de la mienne, certes, mais que je comprends entièrement. Les derniers mots qui décrivent ces sensations trouvées lors de presque chaque sortie sont réels. Rien de plus à rajouter … Et des rencontres web pour le moment, des copin »autes » au fur et à mesure que le temps passe, en plus de tout ça !