J’avais 7 ans lorsque mes parents se sont séparés. Je suis alors restée dans l’école de « mon village« , mais chacun de mes parents est allé s’installer dans une ville différente, à quelques kilomètres de notre village d’avant, village dans lequel se situait mon école et en toute logique, tous mes amis.
Je n’ai donc pas connu l’ambiance petit village ou quartier sympa, où tout le monde se connaît, où l’on croise ses copains à la boulangerie le samedi matin, où l’on se retrouve pour jouer le mercredi après-midi sur la place du village ou chez l’un ou l’autre du groupe d’amis.
Plus tard, lorsque je suis entrée au collège, je vivais alors tout à côté de celui-ci, mais avec une mère pas bien ouverte aux autres à qui il n’a jamais traversé l’esprit d’inviter qui que ce soit à la maison.
Je n’ai pas connu les après-midi vautrée sur mon lit à papoter avec des copines, pas plus que le squattage de canapé devant un film avec les amis qui débarquent à l’improviste et à qui on propose de rester dîner.
En réalité je n’ai pas vraiment connu la maison ouverte aux autres, repère de fous rires et de souvenirs qui restent en tête pendant des années.
Désormais maman, je souhaite l’exact opposé pour mes enfants.
Je reconnais que je me mélange peu aux autres mamans, je ne suis pas la maman que l’on retrouve chaque soir à 16h30 devant la grille de l’école à papoter.
Je suis plutôt cette mère speed qui arrive en courant au centre de loisirs, s’assure de n’avoir oublié aucun membre de la tribu et remonte vite dans sa familiale sans avoir vraiment pris le temps de regarder autour d’elle. Pour autant, je ne suis pas sauvage, je prends toujours plaisir à échanger quelques mots avec les parents des amis de mes enfants et à les retrouver lors des anniversaires, des kermesses ou des sorties scolaires qu’il peut m’arriver d’accompagner.
Proche mais pas trop.
Nous nous connaissons peu, nous ne sommes pas amis, mais nous nous reconnaissons et, pour certains, nous avons créé un lien suffisant pour savoir que nous pouvons compter les uns sur les autres en cas de besoin.
Ca me suffit. Je n’ai pas besoin de plus, je ne souhaite pas trop de proximité mais suffisamment pour que nous puissions les uns les autres nous confier chacun nos enfants sans crainte et en sachant qu’ils passeront un bon moment.

Elle est sympa ta mère !
Du côté des enfants, les amis de mes mômes me connaissent, moi aussi, et je veille à être toujours sympa et souriante lorsque je les croise à l’école ou dans le quartier. Ils m’appellent par mon prénom, certains osent des petites blagues, bref, je fais attention à ne pas être juste « la mère de M. super speed » ou « la nana qui tire la tronche tout le temps ».
Nous sommes installés dans un quartier calme et plutôt familial depuis 3 ans maintenant.
Les enfants se retrouvent quasiment tous à la même école, ils sortent jouer le week-end et pendant les vacances dans la résidence, nous savons tous où vivent les uns et les autres et qui sont les parents de chacun.
Régulièrement, lorsqu’ils sortent jouer, ils reviennent à plusieurs. L’un ou l’autre ramène tel ou tel copain pour partager une activité ou squatter le canapé. C’est un peu un moulin : ça rentre, ça sort, ça se marre, ça crie, ça joue, ça repart.
Chaque fois, je me rappelle mon enfance, je me revois solo dans mon coin le week-end alors que les copines se retrouvaient en dehors de la classe, et je savoure ces instants de partage entre mes enfants et leurs amis.
Bienvenue chez nous !
Ils n’ont pas de crainte à me demander si untel ou untel peut venir jouer à la maison. Ils n’hésitent pas à proposer un goûter. Leurs amis savent qu’ils sont les bienvenus à la maison. Ils arrivent avec le sourire, les plus grands discutent un peu, les plus jeunes demandent lorsqu’ils ont un besoin.
Ce sont des instants tout bêtes, mais précieux pour les enfants.
Ils sont toujours contents de partager leurs jouets, montrer leurs chambres, ouvrir leur monde aux autres, sortir du cadre formel de la cour de récré pour partager de doux moments avec leurs meilleurs amis.
C’est tellement simple au fond, mais tellement précieux aussi. Je le sais d’autant plus que je ne l’ai jamais vraiment vécu.
Joyeux bazar à la maison.
Surtout le week-end, et j’attends toujours le dimanche soir pour mettre de l’ordre après 2 jours avec les enfants à la maison. Je n’attends pas que ma maison ait des allures de maison de poupée pour autoriser mes mômes à faire venir leurs amis.
Souvent, je traîne en short / t-shirt dans le canapé, le panier de linge à plier attend gentiment que je m’occupe de lui au milieu du salon et l’aspi mériterait d’être passé. Les mômes entrent, prennent le goûter et mettent des miettes partout. Ils jouent aux Lego dans les chambres et dérangent un peu tout. Ce n’est pas important, au fond. Je leur demande juste de ranger ce qu’ils ont mis en vrac avant de quitter la maison.
Les mômes, ils ont besoin de vie. D’ouverture, de climat de confiance, de sensation d’être chez eux.
Je suis contente de pouvoir leur apporter ces petits plaisirs tout bêtes qui m’ont manqué lorsque j’étais enfant.
Contente d’avoir réussi à construire un foyer chaleureux et ouvert aux autres, un foyer où il fait bon vivre et faire des soirées pyjama entre copains. Fière de cette maison de l’amitié qui accueille les enfants, leurs rires et leur joie de vivre, et qui prend plaisir à les partager.
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