J’avais 19 ans, t’en avais 23.
On s’est croisés un peu par hasard dans l’escalier. On ne s’est plus quittés pendant 3 années.
On était jeunes, beaux. Fougueux, insouciants, libres.
Amis, amants. Amoureux aussi, mais silencieusement.
On a tout partagé. Nos folies, nos désirs, nos tristesses, nos envies.
J’avais le générique de friends en sonnerie quand tu m’appelais sur mon vieux samsung à clapet.
On commençait nos journées par des « slt ça va ? » et des wizz sur MSN pour se réveiller.
On les finissait avec les copains, au bar, en boîte, ou posés dans une voiture à discuter. Nos jeux d’enfants à nous.
On était jeunes et cons.
De cette jeunesse qui vit sans se soucier du lendemain, qui se croit invincible et recherche à vibrer pour ne plus penser.
Trop jeunes, trop libres. Trop pareils mais malgré tout trop différents.
On a pris chacun nos chemins.
Toi ton plan de carrière, moi mon plan de famille.
Se séparer pour avancer chacun de son côté.
C’était pas encore le moment, pas encore notre moment.
Et puis 12 ans plus tard, on se retrouve un peu gênés.
On se sourit de côté, on ne se regarde pas vraiment.
T’as pas changé. Toujours aussi beau.Toujours ce regard pétillant et ce petit sourire en coin qui m’ont toujours fait craquer.
J’ai pas vraiment changé non plus. Juste une vie de famille à 100 à l’heure, des tatouages plein les bras et 10 kilos de moins.
On pose timidement nos valises dans un petit appart’ mignon.
Ce petit malaise du début se dissipe rapidement. Et puis on parle, on parle, on parle. On parle fort, on rit fort, on se taquine fort, et notre complicité revient instantanément.
Comme si il n’y avait pas eu cette pause de 12 ans. Comme si on s’était quittés hier, comme si on avait toujours nos 20 ans.
Nos 20 ans en plus matûres, nos 20 ans en plus posés.
2 jours sans dormir, ça te rappelle qu’ils sont loin, tes 20 ans.
12 ans plus tard, la vie reprend. Comme dans Jeux d’Enfants.
Il y a tout à redécouvrir, la tendresse, l’amour, la complicité. Le partage, la sensation d’être deux. Puis trois, quatre, cinq.
Une jolie famille recomposée.
Avec ses doux moments et ses temps parfois difficiles, mais avec l’amour et la douceur de vivre qui font résonner les rires dans l’appartement.
Parfois, dans la vie, il faut juste oser. Pousser une porte, changer de cap, écouter son coeur et sauter à pieds joints dans l’inconnu.
Oser quitter ce dont on ne veut plus, ce qui nous rend malheureux.
Oser casser les codes et les idéaux et plonger sans doute dans l’incertain.
Oser croire que peut-être rien n’arrive par hasard, que mieux vaut tard que j’amais.
Avoir l’impression de vivre dans un joli film français.
Se dire qu’on est heureux. Emmerder les envieux.

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