Toi qui traînes sur les Internet, tu n’as pu y échapper, ils sont partout. Auparavant, on les disait blogueurs, instagrammeurs, youtubeurs, aujourd’hui ils s’appellent influenceurs, mais attention.
Ce mot, ils ne l’aiment pas. Ils te le diront tous : « ahlala que j’aime pas ce terme. Moi j’influence personne hein, mais déroule quand même la barre d’info pour avoir un code promo sur mon bracelet, ma montre, mes chaussettes, ma petite culotte, ma tasse de thé. ».
Bref. Ils cherchent pas à t’influencer, jamais, mais ça n’en est pas moins leur métier, ils sont là pour influencer, d’ailleurs like, abonne-toi, partage, soyons-fous.
Tu me diras, ça te pose un soucis Jeanine ?
Non. En vrai, à la base, je m’en fiche un peu. Je trouvais même ça plutôt cool, avant. Y’a plein d’influenceurs que j’ai suivi de mon plein gré, parce que je kiffais leur univers, leurs personnalité, ce qu’ils faisaient. Y’en a toute une compagnie que je suis toujours d’ailleurs, surtout dans le sport, et un peu dans la beauté aussi – mais plus pour longtemps -.
Ne nous leurrons pas, influenceurs, nous le sommes tous plus ou moins, dès l’instant où l’on alimente un compte Facebook, Twitter ou instagram (abonne-toi :) – bha quoi !? –), dès l’instant où on balance des mots sur un blog ou sur une vidéo. Je le suis moi-même d’ailleurs, à mon humble niveau, ou en tout cas je suis considérée comme tel, à partir du moment où je balance des avis sur des marques et encore plus si l’on prend en compte que bien souvent je suis gratifiée ou rémunérée pour ça.
Et y’a pas de problème tu vois, à la base, je trouve ça plutôt sympa.
A l’origine du truc, y’avait des gens normaux, avec une vie quotidienne normale, qui débrieffaient leur quotidien ici ou là sur les réseaux. T’avais des avis bruts de décoffrage, pas toujours parfaits en terme de rédaction, mais vrais. De vraies photos, pas toujours parfaitement cadrées ni exposées, mais de vraies photos en conditions réelles d’utilisation.
On n’était pas dans la pub mais dans le partage d’expérience de gens normaux à gens normaux, et ça apportait, je trouve, une réelle plus-value pour celles et ceux qui cherchaient un avis sur tel ou tel truc avant d’acheter.
Et puis, peu à peu, l’état d’esprit a changé.
Les marques ont compris le filon. A l’heure où les pub sont automatiquement zappées par nos navigateurs internet avant même qu’elles aient eu le temps de s’afficher, à l’époque où subir un spot de 30 secondes nous gave profondément, de nombreuses marques ont pigé l’intérêt de s’afficher entre les mains de personnes lambdas très suivies sur les réseaux sociaux. Tu t’intègres dans le décor style de rien, tu gagnes en visibilité, bien plus efficace qu’une campagne pub que personne regardera, et bien moins cher aussi.
Et c’est cool pour tout le monde, à priori.
Je suis la première à kiffer parler autour de moi d’un produit que j’ai découvert et que j’ai kiffé (ou pas). J’ai chopé le syndrome de la petite bête qui me fait chercher le moindre petit défaut de tout ce qui me passe entre les mains, en mode Micheline cherche LE mouton de poussières sous le lit dans Bienvenue chez Nous.
Je trouve ça normal que quelqu’un qui passe du temps à mettre en valeur des produits et à travailler sa communauté soit rémunéré pour le faire. Je trouve ça sympa que les marques puissent profiter de ce genre de visibilité, au plus proche de la cible qu’elles souhaitent toucher.
Sauf que.
Si vous voulez jouer à ça, faites le sincèrement les amis. Donnez-pas des avis géniaux sur des trucs pourris juste pour pas froisser la marque dont vous parlez. Nan parce que c’est vous qui passez pour des guignols après.
Sortez de la norme. Perso, j’en peux tellement plus des photos blanches surexposées à tout va, des pavés de texte hyper calculés tout ça pour dire « j’ai reçu ça par la marque Machin » et des nanas qui postent leur look en regardant leurs pieds. J’en peux plus des licornes, des paillettes, des salons Ikéa, du thé détox et des montres Cluse.
Je ris quand je vois des nanas poser sur Instagram un produit de lessive à la main, en mode ménagère des années 80.
On est sortis du cadre partage d’avis depuis bien longtemps, pour verser dans la publicité. On retrouve sur Instagram les photos qu’on trouvait auparavant en double page au centre des magazines féminins. Photoshopées à tout va, cadrage calculé au max pour mettre en valeur le produit, lumière faussement naturelle et tutti quanti.
Hier soir, je remontais mon feed Instagram et en tombant sur la jolie EnjoyPhoenix, que j’aime beaucoup au demeurant, je me suis révoltée. Qui calcule savamment comment poser son pied, pas vraiment posé mais pas vraiment en l’air non plus, avant de faire une vraie photo de la vraie vie ? Sérieusement…
C’est dommage. C’est dommage parce qu’on perd tous en crédibilité à ce jeu là.
Les gens se lassent, ils n’y croient plus. Le matraquage les saoule, ils fuient dès qu’ils voient une collaboration, quelle qu’elle soit.
La plupart du temps, avouons-le, ils ont raison.
Les 3/4 des influenceurs ne mettent plus en avant un produit parce qu’ils le kiffent, ils le font parce que c’est leur boulot. Ils vendent un font de teint comme ils vendraient une botte de carotte bio ou une paire de chaussettes trouées.
Avec la même moue, le même décor fake, le même sourire forcé. Et quand bien même l’avis serait vrai et sincère, il sonne faux tellement le décor ne respire pas la réalité.
Alors oui, j’ai moi-même déjà joué à ce jeu là. Je n’ai pas la prétention d’être parfaite, rassurez-vous.
J’ai eu le nez dedans longtemps, j’ai manqué de recul, et puis je me suis éloignée du truc, et ce qui me semblait normal auparavant me saute aux yeux et me saoule souvent aujourd’hui.
Je me désabonne, je trie, mais c’est quand même un peu con. Souvent l’univers est sympa, la personne aussi, mais le manque de naturel et le côté panneau publicitaire m’irrite les yeux.
Heureusement, il y a encore des comptes franchement chouettes à suivre, qui savent doser, qui restent vrai, qui gardent ce côté proximité indispensable je trouve aux réseaux sociaux. Côté sport, je prends plaisir à suivre des gens comme Justine Gallice ou Marine Leleu par exemple, qui sont pourtant très très suivies, mais qui restent naturelles dans leur approche de leur communauté.
Merci pour cet article avec lequel je suis entièrement d’accord !
Belle journée !
Merci de ton passage ;)
Bonjour,
Je ne sais pas pourquoi mais je n’étais plus abonnée à ta newsletter et du coup j’ai loupé plein d’articles! Je t’ai retrouvé sur Hellocoton et je suis contente de retrouver tes billets, ton franc parlé « brut de décoffrage ». Du coup j’ai pas vraiment commenté l’article en lui même que j’ai beaucoup aimé d’ailleurs! Bon du coup je me suis réabonnée à ta newsletter :).
Un petit mot qui fait plaisir à lire dès le matin :) Re-bienvenue chez moi ^^
Je te rejoins tellement (c’est le syndrome « vieille blogueuse » ?), je crois que c’est le piège à partir du moment où les influenceurs deviennent professionnels et que ce n’est plus un hobby où on peut se permettre de refuser des collabs parce qu’on a un job à côté :-)
Oui je suis clairement de ton avis… J’en ai fait une activité pro le temps d’un an et ça a été ma pire année blogging je pense. A partir du moment où ton salaire en dépend, tu peux vite dériver, le rapport au blogging est faussé par la rému. Après, certain(e)s le gèrent très bien, tout est question de dosage, mais c’est pas franchement évident…