Je n’ai jamais évoqué ce sujet là par ici, et en fait, moi-même, ça me surprend.
Ça me surprend parce que c’est un sujet important pour moi, parce que ça représente une bonne partie de mon quotidien aussi.
Ce sujet là, c’est mon allaitement.
Micro-Fille est allaitée, comme avant elle l’ont été ses aînés.
12 mois pile pour Dame-Maxi, 16 et quelques pour le Chef Mini, je crois. Je ne me souviens même plus de la dernière tétée, pour dire vrai. Et d’ailleurs c’est un de mes regrets, de ne pas l’avoir noté.
Allaiter mes enfants, du moins mon aînée, n’a pas franchement été une évidence, à la base.En fait, pour dire vrai, au tout début du commencement, dans mon esprit étroit : maman allaitante = vache à lait.
Le mari, une consultante en lactation, et quelques tétées « d’essai » plus loin, et mes préjugés étaient envolés.
Comme quoi. Ne jamais dire jamais.
Je ne sais pas vraiment « pourquoi » j’allaite.Certaines te diront qu’elles le font pour leur bébé, parce que le lait maternel est ce qu’il y a de meilleur à lui donner, pour les anticorps qu’il peut lui apporter etc etc…
Pas moi. Je n’allaite pas POUR CA. Je ne sais même pas si c’est vraiment vrai, d’ailleurs. J’ai une grande fille allaitée moins longtemps que son petit frère et pourtant bien plus résistante. J’ai un petit garçon allaité plus d’un an qui est malade chaque année de septembre à mai.
Bref. Tout ça pour dire, que le côté « santé » n’est pas celui qui m’a fait décidé d’allaiter mes bébés.
Le côté « naturel », peut être un peu. J’aime assez l’idée de préserver ce petit être tout neuf au maximum, de lui faire porter du coton bio, de lui donner du lait qui n’ait pas été préparé par des machines puis conditionné par des machines aussi… De prolonger un peu sa bulle, ce cocon protecteur qui l’entourait et qu’il a bien dû finir par quitter. Pour autant, elle porte des couches Pampers, parce que je n’ai toujours pas pris le temps de me pencher sur la question des lavables.
Un des côtés que j’aime vraiment bien, c’est le côté « pratique », indéniablement l’un des immenses avantages je trouve, de l’allaitement. Ne pas se poser de questions, ne pas regarder l’heure, ne pas avoir à préparer, faire chauffer, presque ne pas avoir à interrompre ce que l’on fait. Ne pas avoir à se lever non plus. Tu pleures, je te mets au sein, c’est tout simple, voilà.

Pausée tétée, sur la route, quelque part en Paris et Lorient.
Mais surtout, ce que j’aime dans le fait d’allaiter mes bébés, c’est ce lien unique, cette proximité, cette fusion presque parfois. C’est ce temps qui s’arrête presque à chaque tétée.
Quand sa toute petite main accroche mon doigt. Quand ses yeux immenses plongent dans les miens. Quand sa peau tout douce caresse la mienne. Quand je me surprends à passer ma main sur son tout petit crâne, à jouer avec son micro bout de nez.
Quand je me plains que le temps passe trop vite, qu’ils grandissent à une allure folle, que j’oublie trop d’instants, que leurs petits détails de vie me file entre les doigts, je garde de doux souvenirs de moments tendres, d’instants hors du temps, où avec chacun d’eux j’avais cette sensation de fusion.
C’était là, dans la chambre de la grande, dans notre premier appartement, notre première « chambre de bébé ». Assise dans « le fauteuil de Papy« , dans la presque totale obscurité. Il était aux alentours de 20h, elle avait presque déjà 1 année. Et chaque soir, elle et moi, on se retrouvait. Pour l‘unique tétée de la journée, unique, mais si précieuse, prendre le temps de se retrouver. Loin de tout. Du boulot, du téléphone, des voisins bruyants, de la journée merdique, du mari absent. Loin de TOUT. Juste elle et moi.
C’était là, dans le lit parental, dans la chambre de notre ancien appartement. Ce début d’allaitement difficile, ces tétées où il fallait s’y mettre à deux pour aider ce petit bout de nouveau-né à bien prendre le sein. Là, allongé tout contre-moi, une fois cet effort de titan accompli, paisiblement il s’endormait. A la lumière de la veilleuse, je pouvais passer plusieurs longues minutes à l’admirer, à l’écouter respirer.
C’est ici, tous les jours, dans notre nouvel appartement – oui, on déménage souvent. -. Quand je me pose dans le canapé, au milieu du salon sans dessus dessous, au centre du tumulte des deux grands qui jouent, crient, rient, se disputent aussi. La Micro Fille dans mes bras, là, tout contre moi, elle serre fort ma main. Me sourit. Enfouit sa tête dans ma poitrine. Je l’admire, la respire. Les petits plis son cou, ses joues rebondis, ses petits cheveux. Intérieurement, je détaille tout. Tout ce petit bout de bébé que j’observe changer au fil des tétées. Je ne vois plus les jouets qui traînent, je n’entends plus les grands crier. Je suis bien, juste bien.
C’est CA, définitivement CA, qui me plaît plus que tout le reste dans le fait d’allaiter mes bébés. CA, qui m’a fait tenir quand Monsieur Mini ne savait pas prendre le sein, quand la mycose est venue me gâcher la vie, quand Demoiselle Micro m’a bien fait comprendre que le lait commençait à manquer.
C’est ce moteur là, qui m’a chaque fois fait me battre pour surmonter les difficultés, et poursuivre encore et encore, continuer à tisser ce doux lien lacté.
Celui-ci a une saveur particulière, parce que je sais qu’il sera le dernier. Après ça, je retrouve mon corps, à moi, rien qu’à moi. Parfois, j’ai hâte. Parfois, j’en ai marre d’avoir un bébé accroché au sein, de ne (presque) pas pouvoir sortir sans elle. Il m’arrive de rêver à partir quelques jours en solo en province avec ma grande, chose qui n’est pas prête d’arriver. A certains moments, je me dis que j’aimerai bien souffler.
Mais pas encore vraiment.
Tellement pas vraiment, que lorsque la pédiatre m’a conseillé de diversifier la Micro-Fille avant ses 4 mois, j’ai manqué de m’étouffer.
J’ai avalé des tas de gélules de Fenugrec, bu de la bière sans alcool, pris des petites billes d’homéopathie, pour stimuler au maximum la lactation. Même que ça a marché, elle était beaucoup plus rassasiée, après, la demoiselle Bébé. Pas encore assez pour Madame la Pédiatre ceci dit, puisque d’après le dernier check-up, Demoiselle Bébé ne prend toujours pas assez.
Mais cette fois, je crois que la pédiatre a compris. Au lieu de me dire de diversifier, elle m’a donné des conseils pour encore, et encore, et encore stimuler.
Parce que pour moi, pour elle, pour nous, il n’est pas encore l’heure, pas tout à fait. J’ai besoin, encore, de garder ce lien lacté, de garder mon tout petit bébé. De faire attendre, un peu, les purées.
Je te comprends tellement !! Ici tout s est toujours bien passé pour les mise en route mais ma dernière est contement au sein je l ai laissée a son père lundi ça ma fait du bien (pas a elle !! ) ce lien que tu décris si bien j y tiens pour moi c est viscéral … Comme pour chouchou elle ira au sevrage naturel ….
Je vous souhaite encore bcp de tétées !!!
Comme ce que tu décris est vrai! Bravo pour ce bel article! C est tellement dur d’arrêter! Alors suis tes intuitions. Si tu n’es pas encore prête, n’arrêtes pas et ne diversifies pas encore. Ici aussi on a douté, on avait pas envie diversifier. Je l’ai fait… Contrainte et pas vraiment décidée. Peut être que si j’avais attendu l’alimentation de ma mini serait plus simple aujourd’hui. Peut-être ou pas… Bravo pour ta détermination et ta lucidité en tous cas. Cette diversification se fera avec succès!
je me retrouve tout à fait dans ce que tu décris
tous les arguments bassement « matériels » ou moralisateurs sur les bonnes raisons d’allaiter, n’auraient eu aucun point face à la galère que ça a été pour ma grande
LE TRUC vraiment important, c’était ce lien, tellement important, tellement indéfinissable…
profite bien de ta micro et de vos moments câlins <3
Très beau texte, je ne commente pas souvent, mais là encore je comprends parfaitement ce que tu ressens.
Bonne journée à toi.
Coucou
Léna c’est ma dernière princesse et elle est encore au sein elle a 10 mois et je redoute le moment où elle arrêtera pour le moment elle a encore envie du sein tant mieux (ses soeurs ont arrêtées d’elles même a 8 mois elles ne voulaient plus du sein) … là ce n’est pas le cas elle aime encore et me réclame aussi svt une tétée pour s’endormir … j’ai pas envie du tout d’arrêter meme si moi aussi parfois j’aimerais souffler surtout pour la tétée de 15h30-16h où ça coupe un peu l’AM … je ne peux rien prévoir … moi aussi elle ne prend pas assez de poids et ne grandit pas assez mais bon elle évolue sinon bien …
bizzz
Je me retrouve bien dans ce que tu écris. D’ailleurs, j’aime beaucoup la façon dont tu as posé sur papier ton ressenti par rapport à l’allaitement. Ma puce a arrêté le sein depuis 1 mois, et ça me manque. J’aimais ce lien qui nous unissais, mais maintenant j’essaye de lui faire des calins autrement. J’aimais la retrouver le soir. C’était notre petit moment rien qu’à nous…Profite bien de ton dernier allaitement, de ces jolis moments.
Moi aussi j’ai l’impression qu’on est des vaches laitières qi on allaite ! je sais c’est mal de penser ça !!!
Mal je sais pas. C’est mieux quand c’est assumé ;) Je t’aime quand même hein ! Meuuuuhhhh !
Un lien particulier entre la maman et son bébé. C’est tellement chouette de vous voir toutes les 2 profiter de ces moments. Profite pour ne rien regretter et plein de gros bisous
Je profite, je râle, je reprofite, je rerale… Tu vois bien quoi lol Mais dans l’ensemble, je profite oui, parce que c’est tellement particulier…