J’ouvre ma boîte mail. Elle déborde de communiqués de presse en tous genres, mais surtout de bons conseils pour avoir un corps de rêve cet été.
J’ouvre un article titré « 5 bonnes raisons de vous motiver à aller courir ». Dedans, bingo : allez courir pour avoir un corps de rêve cet été.
Hey, les mecs, les nanas aussi, vous voudriez pas nous lâcher la cellulite deux secondes et demi ?
Un corps de rêve…
Le rêve de qui déjà, attends ?
Le rêve du publicitaire qui m’a envoyé le communiqué ?
Le rêve de la nenette qui a écrit l’article motivation ?
Le rêve de mon mec ?
Le rêve du futur voisin de plage dont je me fous éperdument ?
Le rêve imposé par les nanas des magazines ?
Le rêve de l’imaginaire collectif, avec un bide tout beau tout plat et des cuisses douces et régulières ?
Ou mon rêve à moi ?
Bha je sais pas en fait. En tout cas, si c’était censé être que mon rêve à moi, j’ai comme l’impression qu’il est un peu tombé dans le domaine public tant il y a de monde qui pense savoir ce que c’est que « LE corps de rêve » à avoir cet été.
Alors bon, moi, je suis une nana. Je m’aime beaucoup mais pas encore au point d’en rêver.
J’ai perdu et repris pas mal de poids – et rien à voir avec le début du commencement d’une envie de corps rêve là dedans -, y’a un peu de capitons sur mes cuisses mais bon. Je passe pas ma vie à me regarder les cuisses en fait alors ça va.
Mon bide, il a accueilli 3 mômes l’un après l’autre alors il est un peu flasque. Alors oui je l’aimais beaucoup beaucoup quand il était tonique et plat mais j’aime encore plus les 3 enfants qu’il m’a donnés.
Et puis merde.
Je vais pas énumérer les whatmille défauts qui pourraient me faire dire que mon corps ne fait pas rêver. Je m’en fiche qu’il fasse rêver. Il me plaît, à moi. C’est l’essentiel tu vois.
Sur la plage comme ailleurs, je cherche pas à voir des corps de rêve, je cherche à voir des gens heureux, qui sourient, qui sont contents d’être là, seuls, en famille, entre amis.
Des mamans la larme à l’œil de voir leur tout petit se baigner pour la première fois, des mères un peu dépassées qui ont oublié le change du dernier à la maison, des jeunes couples tout neufs qui s’aiment beaucoup, des femmes plus âgées heureuses de lire un livre au calme sur la plage après le boulot, des mecs à bourrelets qui s’éclatent au beach volley entre copains.
Vous remarquerez que j’inclus ici même les mecs avec du bide, alors qu’on leur met tout de même vachement moins la pression sur le sujet.
Bref, je préfère voir des gens, des vrais. De la vraie vie quoi.
Je cherche pas non plus à faire rêver qui que ce soit. J’ai un mari, je sais pas s’il rêve de moi mais il a pas l’air de trop cauchemarder non plus.
Bon, et puis, cet été quoi.
Ayez un corps de rêve pour cet été.
Alors l’hiver tu peux avoir un corps tout pourri, on s’en fout. Mais pour l’été, là par contre, faudrait peut être te bouger. Le gras n’a pas sa place sur les terrasses, la cellulite n’a rien à faire sur les plages voyons.
La pub a ceci de merveilleux qu’elle te vend du chocolat et du gras à gogo pour Noël pour mieux te faire avaler ses pilules minceurs 3 mois après.
Alors non je ne découvre pas la vie, je suis au courant depuis un petit moment. MAIS, disons que vu mon parcours chaotique sur le chemin du poids et de l’image de soi, cette année peut être que ça me gave un peu plus que précédemment.
Le jeu de l’image me gave. La manipulation aussi.
Laissons tomber les corps de rêve pour cet été sur la plage en bikini.
Arrêtons de manger pour avoir un corps de rêve, se priver pour avoir un corps de rêve, faire du sport pour avoir un corps de rêve, dépenser une blinde en crèmes bidons pour avoir un corps de rêve aussi.
Mangeons pour le plaisir, faisons attention pour notre santé.
Faisons du sport pour nous vider l’esprit, pour nous challenger, pour nous sentir bien dans notre tête, pour retrouver nos copines pour une heure de zumba loin de la maison.
Faisons pas de sport si on n’en a pas envie.
Mettons des crèmes pour le plaisir de sentir bon et d’avoir une peau toute douce après le bain.
Oublions les crèmes si on n’aime pas ça.
Bougeons nous pour être bien.
Vraiment bien. Pas qu’apparemment.
Bien sûr que notre enveloppe corporelle a son importance dans notre bien-être général, mais ne la laissons pas devenir LA raison tout court de comment on se sent, de tout ce que l’on fait ou de ce que l’on ne fait pas.
Si vraiment il fallait associer notre corps à un rêve, alors d’accord, mais faisons en sorte qu’il soit le corps de nos rêves à nous. Pas celui que l’on voudrait nous imposer et qui change au gré des modes et du vent.
Arrêtons de nous flageller, de nous culpabiliser, d’être de purs produits d’une imagination qui ne nous appartient plus.
Un mot d'amour ?