J’aurais pu titrer cet article « burn-out personnel« .
Je suis limite testeuse de burn-out professionnelle. Je me suis tentée le burn-out maternel en 2014, le burn-out professionnel en 2015 et là, j’explore gentiment le burn-out personnel autrement dénommé « si tu penses pas à ta tronche, personne le fera pour toi ».
Dans mon autre vie, avant, j’avais appris que prendre du temps pour moi était indispensable et je me permettais d’imposer ce temps pour moi dans l’agenda familial, en écourtant mes journées de boulot pour aller courir ou en me levant très tôt le dimanche matin, en m’octroyant des soirées potes sans hésiter à laisser les nains au papa, en m’enfermant dans ma chambre quand j’avais besoin de souffler, etc etc.
Bref. Je prenais du temps pour moi.
Depuis un an maintenant, on a tous changé radicalement de vie, de région, d’habitudes, d’entourage… De tout.
J’ai découvert la vie de maman solo, enfin plus ou moins solo, comprendre que j’ai un mec mais que j’estime que ce n’est pas à lui de porter la charge d’enfants qui ne sont pas les siens.
Bref.
N’empêche que j’ai la charge mentale d’une mère presque célibataire, avec 3 nains à assumer, un job que j’aime toujours pas (ceci est un autre débat), et un mec dont l’autonomie est proche de zéro.
Depuis un an donc, je gère mes nains, leur vie quotidienne, leur scolarité, leur vie sociale, leur vie sportive, leurs crises émotionnelles et autres RDV à perpette les oies pour cette joie de HPI, je fais le taxi pour les uns et les autres, je porte la charge des problèmes de mon mec incapable de les gérer, mes joyeusetés administratives personnelles (un divorce et une vente de maison c’est administrativement très chiant), mes journées de boulot à mourir d’ennui, les relations humaines qui me cassent parfois les bonbons… Bref, je gère à peu près tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la vie familiale, et avec le sourire s’il vous plaît.
Et moi dans tout ça ?
Bha moi les gars, j’me suis oubliée.
Gentiment mise de côté.
C’est assez insidieux ce truc-là, tu commences à différer des trucs que tu dois faire pour toi, puis des trucs que tu aimerais faire pour toi, puis de différer de quelques jours tu passes à quelques semaines et un an plus tard, tu te rends compte qu’en fait, tu les as jamais fait.
Un an que j’ai pas couru, un an que j’ai pas touché à mon appareil photo, un an que j’ai pas fait de rando, un an que j’ai pas fait de soirée filles, un an que j’ai quasi pas blogué, un an que j’ai rien fait qui n’appartienne rien qu’à moi et qui m’éclate vraiment. Un an que je tolère des trucs qui me gonflent prodigieusement mais que tu comprends « faut pas blesser », « faut pas être relou », « faut pas vexer »…
Et vous savez quoi ?
C’était une mauvaise idée. Très mauvaise.
D’abord, parce que je me suis épuisée. A toujours tout gérer pour tout le monde, à ne faire que des trucs chiants, à ne pas prendre le temps de souffler, à prendre sur moi tout le temps, je me suis juste complétement fatiguée.
Et quand t’es fatiguée, bha t’as envie de rien. Tu le sens le cercle vicieux là ? Fatiguée, pas envie, tu fais rien, tu te refatigues de rien faire, et blablabla. Finalement, t’es fatiguée et tu fais rien.
Et puis, parce que tu te paumes en fait, à force de ne jamais penser à toi. Tu t’oublies. Tu finis par même plus savoir ce qui te ferait kiffer, alors qu’avant, tu savais très bien.
Ca devient normal de te lever pour faire des trucs chiants et d’aller te coucher pour oublier que t’as fait que des trucs chiants et que t’en auras autant à faire demain. Normal de plus avoir de pause sympa dans les trucs chiants.
Et surtout, parce que le jour où t’en as enfin ras le cul et que tu décides de re penser à toi, et bha les gens comprennent pas (spoiler, on s’en fout en réalité).
« Bha oui, mais avant tu… ».
Et bha ça c’était avant, comme dirait l’autre.

J’avoue, je suis rentrée de vacances avec comme ultime priorité des priorités de penser à moi.
De me recentrer. Redéfinir ce qui me plaît, ce qui me convient, et faire en sorte de virer ou limiter ce qui ne me convient plus.
Reprendre le temps de faire ce que j’aime. Me lever trop tôt le dimanche matin pour aller courir même si « bha non c’est le jour où on peut faire une grasse mat' ». Prendre la voiture et disparaître en solo une après-midi pour me faire une séance rando photo.
Aller me coucher à 20h si j’en ai envie, oser dire non aux soirées potes si je suis fatiguée, oser dire merde si on me demande un service et que j’ai juste pas envie, oser dire aux mômes que non, on n’ira pas en concours équestre dimanche parce qu’on y passe déjà nos samedis et que là j’ai envie de me poser. Oser glander devant l’ordi parce que ouais, je me fiche royalement de ce qu’il peut y avoir à la télé.
Oser aller voir ailleurs si j’y suis quand j’en ai ras le bol d’être là où je suis.
Ca paraît logique pourtant. Normal. Poser des limites, penser à soi, se préserver.
Ca paraît logique mais c’est beaucoup trop souvent oublié.
Alors puisque je me le suis prise dans la figure récemment, je vous en fais profiter.
N’attendez pas d’être KO, soyez égoïste.
Personne ne le sera pour vous. Parce que la priorité, pour ses mômes, pour ses potes, pour son conjoint, c’est de partager la vie de quelqu’un qui va bien. Et que pour aller bien, il faut forcément penser à soi.
Sans devenir des gros cons qui ne pensent qu’à eux, pensez suffisamment à vous pour ne pas vous perdre, pour rester vous même et garder le temps, le droit, de dire régulièrement non aux trucs chiants.
Si seulement….
Je me reconnais un peu (beaucoup) dans votre billet.
Sauf que je suis papa avec un enfant de moins et marrié (mais à une droguée du boulot). La grande qui commence sa crise d’ado, la petite qui a des troubles suite à des problèmes de santé. Gérer le levé, les devoirs, les repas, la maison, les RDV médicaux, forcer la grande à pratiquer une activité, tenter de faire progresser la petite sans la bloquer, se prendre le jugement des autres… Tout ça avec un boulot sans grand intérêt et une femme qui part à 6h pour rentrer à 19h avec la mavaise humeur parfois en prime…
Pour l’instant, je tiens grâce à la course à pied que j’ai découvert et qui me permet de lacher du stress.
Sauf que… je n’ai pas le luxe de prendre du temps pour moi. Donc à quand le mur?