Je suis maman depuis plus de 7 ans maintenant, je suis tombée enceinte de mon aînée à l’âge de 24 ans, alors que j’entrais à peine dans la vie professionnelle, en enchaînant les CDD ici et là.
Je n’ai pas fait le choix d’attendre une vie professionnelle stable pour avoir un enfant, simplement parce que je savais déjà bien à l’époque que le CDI pouvait s’attendre longtemps. Le mari lui, avait déjà son job et sa « sécurité de l’emploi », notre situation ne nous empêchait pas d’avoir un enfant.
Pour autant, il était pour moi hors de question de mettre ma carrière entre parenthèses, de m’arrêter de travailler, de prendre un congé parental, même pour 6 mois.
J’ai pris mon congé maternité, classique, puis je me mise à rechercher un nouveau poste et je l’ai trouvé alors que ma fille avait 6 mois.
Reprendre le travail alors qu’elle avait 6 mois, c’était je trouve un bon compromis.
On a trouvé super nounou, et on a enchaîné sur un bon rythme qui nous convenait à toutes les deux.
J’avais les avantages de ma vie de maman active – grosso modo, la vie sociale et le salaire – et je réussissais pour autant à être présente pour mon enfant et à lui éviter de trop grosses journées de garde en nounou.
Et puis nous avons quitté notre province paumée à la vie plate mais cool, pour Paris et sa vie à 3000 à l’heure.
Dans le même temps, le Mini-Fils a pris ses quartiers dans mon bidon.
Avant même qu’il soit né, je n’avais qu’une obsession : retrouver un boulot.
Peur de « m’encrasser » professionnellement, de ne pas retrouver de poste, de me voir reprocher une pause maternité trop longue alors même que je n’avais pas d’emploi, de voir fondre mon niveau de vie, peur de l’avenir sans job fixe avec 2 enfants tout petits… Je ne pensais qu’à ça.
Je me suis donc mise en quête du Graal à peine le Mini-Fils sorti de son cocon, et j’ai finalement repris un CDD tout moisi alors qu’il n’avait que 8 semaines, en arrêtant plus tôt mon congé maternité.
CDD que j’ai finalement quitté pour un autre dans mon ancienne boîte de province, boîte dans laquelle je suis finalement restée en CDI, mais beaucoup beaucoup plus trop loin de chez moi.
J’ai laissé mon môme alors qu’il avait à peine 2 mois.
Au final, j’ai parachuté mon môme d’à peine 2 mois dans les bras d’une nounou, de 7h30 à 18 heures, 5 jours par semaine, avant de prendre un autre poste qui me faisait quitter la maison à 6h15 pour ne la retrouver qu’à 19 heures, des 6 mois aux 2 ans de mon bonhomme, quand la Micro-Fille a à son tour fait de mon utérus son studio.
Et donc ?
Et donc, avec le recul, c’est sans aucun doute mon plus grand regret de maman.
C’est bien simple, de mon fils je n’ai pas profité. Du tout.
Ce bébé là, je ne l’ai pas connu, ou presque pas.
Je partais alors qu’il était encore au lit, je rentrais 30 minutes avant qu’il aille se coucher. Je ne le voyais que pendant les vacances, en dilettante, en essayant d’accorder du temps à sa soeur et de récupérer la fatigue induite par mes 3 heures de route quotidienne dans les bouchons parisiens.
« Heureusement » pour moi, il a été adepte du cododo et de l’allaitement long, ce qui me permettait d’avoir un minimum d’échanges avec lui la nuit.
Mais, c’est tout. Je me souviens à peine de ses premiers pas, de ses premiers sourires, je ne me souviens pas de ses premiers rires aux éclats, de quand il s’est tourné du dos au ventre puis du ventre au dos, je ne me souviens plus de ce qu’il portait comme petits vêtements, je ne me souviens plus de ses premiers « areuh ».
Je ne me souviens pas de mon bébé.
Lorsque l’on regarde les photos ou les vidéos de ses premières années, j’ai cette sensation étrange de ne pas connaître ce bébé là. Je ne me souviens plus de sa touffe de cheveux, ni que ses joues étaient si rebondies, je ne reconnais presque pas mon propre enfant.
J’ai des milliers de souvenirs des premiers quatre pattes des filles, du temps passé à jouer sur leur tapis d’éveil ou dans leur transat’, je ne me souviens de quasi rien de mon fils. Du tout.
Et c’est flippant. Angoissant. Culpabilisant.
Pour ma troisième, c’était évident : congé parental sinon rien.
Evidemment, je n’ai pas répété l’erreur avec ma petite dernière, j’ai fait le choix de ne pas reprendre mon job tant que mon poste serait trop éloigné de la maison. C’était plus simple, je savais que j’avais un CDI à retrouver quand j’en aurais envie. Pour autant, il y avait le sacrifice financier que je n’ai finalement pas regretté.
Je ne dirais pas que j’étais épanouie en congé parental, mais j’ai profité de mon bébé. Je me souviens d’elle, de ses premiers mois, de nos instants complices toutes les deux, de ce petit bébé qui changeait constamment.
J’ai profité d’elle pendant ses 6 premiers mois, repris mon boulot à côté de chez moi avec des horaires plutôt cool, et puis la vie a fait que nous avons à nouveau quitté Paris et qu’elle est avec moi non stop depuis maintenant un an.
Sur ce coup, la garder avec moi après notre déménagement était évident.
Je sais qu’elle le restera maintenant jusqu’à la rentrée prochaine avant que toutes les deux nous ne prenions chacun notre propre direction, et je me sens chanceuse, grandie, enrichie.
Je me délecte de tous ces moments que j’ai le luxe de pouvoir partager avec elle, comme une revanche sur ces années ratées, perdues, avec son frère aîné.
Même si mon quotidien me pèse parfois, même si la routine me saoule souvent, même si j’aimerais avoir davantage de temps rien qu’à moi, sans enfants, ce rythme est celui qui nous convient à tous pour le moment.
Les enfants n’ont pas de garderie ni de centre de loisirs, on va au square quotidiennement, la Micro-Fille fait sa sieste dans son lit, je la regarde passer de bébé à enfant en m’émerveillant au quotidien.
Nous n’avons pas de pression, pas le stress de rentrer tard à la maison et de devoir enchaîner sur les tâches rébarbatives du quotidien, nous sommes zen et je suis convaincue qu’après notre dernière année chaotique passée sur Paris, c’était ce dont nous avions besoin.
Je reste convaincue que ce choix qui s’est offert à nous reste un non choix pour bien des familles, mais à moi, il me permet de « compenser » mes regrets et les erreurs que j’ai pu faire avec mon second bébé. Et c’est déjà ça.
Un bien joli témoignage ! Touchant et poignant .
Pleins de vérités aussi avec en toile de fond ce sentiment encore trop souvent propre aux mamans que cet après la naissance.
Travailler, s’arrêter, profiter… tout ceci se tient dans un mouchoir de poche et c’est bien difficile.
Ce qui fait sans doute une des plus grandes difficultés de Maman!
Même Si tu le regrettes, Et je le comprends fort bien… tu as réussi à « redresser » la
Barre en offrant à tes enfants un cadre de vie et un accompagnement plein d’amour ! Que du positif donc Et fort heureusement nous grandissons avec nos enfants et ils ne se construisent pas seulement QUE pendant la toute petite enfance ;-)
Bisous bisous
Le petit mot qui fait du bien dès le matin… MERCI merci merci ! Des bisous jolie future maman de 3 ^^
Comme il est touchant cet article ! J’ai à peu près le même ressenti pour ma fille mais pas pour les mêmes raisons (burn-out…), j’ai l’impression d’avoir raté ses deux premières années de vie. J’en ai parlé dans un article au tout début du blog. Je l’avais appelé « Ma fille ou l’histoire d’un faux départ » car, aujourd’hui on est super proches et complices (bien que souvent en conflit). Alors, peut-être qu’inconsciemment, je compense.
Je pense que ces premiers moments de vie, parfois un peu manqués, parfois un peu ratés, parfois maladroits, ne porteront pas à conséquence surtout quand l’amour est là malgré tout (et de cela, je ne doute pas !)… La culpabilité est là malheureusement et si, elle est difficile à vivre au quotidien, je considère aussi que c’est elle qui nous rend meilleur jour après jour.
Alors essayons de regarder devant et de profiter de nos tout petits déjà plus si petits !
Virginie
C’est un joli article. On fait tous comme on peut à un moment donné de sa vie.
Pour ma fille j’ai recommencé à travailler après les 10 semaines de congé matais de nuit. Du coup elle allait à la creche de 8h30 à 16h deux jours une semaine, trois jours l’autre. Un mi temps en fait.
Pour mon fils j’ai eu quelques vacances après mon congé mater, il a été gardé vers 4 mois et pareil j’ai fait beaucoup de nuits, j’ai pu en profiter.
Si j’en avais un troisième (que je n’aurais pas), j’aimerais un congé parental mais c’est financièrement impossible.
Je pense que j’ai faut comme j’ai pu et qu’on ne s’en est pas trop mal sorti.perso si j’avais dû mettre mes enfants à la creche 10h par jour, j’aurais énormément réfléchi avant d’en avoir car ce n’est pas ma conception de la maternité (ce n’est pas un jugement, chacun fait comme il le souhaite, mais ça n’aurait pas été mon choix).
C’est difficile car tout est affaire de compromis. Moi mon premier il est parti à la crèche dès 2,5 mois ! Congé maternité mini, ni plus ni moins pour un boulot, où on ne m’attendait plus, et on m’avait remplacé !! la première fois, je ne savais pas !! pour le deuxième, mon premier boulot, ce qui ne m’attendait plus m’a finalement mis dehors, alors on a profité pendant 1 an avec son grand frère !! c’était chouette !! et puis maintenant je travaille à la maison ! il rentre de l’école, ou je vais les chercher ! main dans la main, on rentre ensemble ! on discute. Je ne leur dit plus « depêche toi », « vite », il est tard ! nous avons le temps et ça n’a pas de prix ! enfin si un peu quand même car il est certain que le confort financier n’est plus le même ! mais je vois mes enfants grandir et ça va si vite.
Tout est pas toujours au mieux mais je suis heureuse de les voir grandir et d’être là pour eux !!