Aujourd’hui. Cet instant étrange coincé entre ce qui n’existe plus et ce qui n’existe pas encore, perdu entre hier et demain.
Voilà. C’est fait. Il y a longtemps que j’attends ce moment. 8 mois, ou pas loin.
8 mois que je vis à côté de ma vie, bloquée dans un corps qui déconne comme c’est pas permis.
Plein le dos, qu’ils disaient.
8 mois que je souffre à chaque déplacement.
8 mois sans sport, sans nouvelle perf’ de course à pied, sans course officielle, sans l’adrénaline qui te porte et te fait tout oublier.
8 mois sans pouvoir conduire au delà de 2 kilomètres, non sans souffrance.
8 mois que je me sens mal assise, mal debout, mal dans mon lit.
8 mois que je répète à mes mômes que je peux pas les porter parce que j’ai mal au dos.
8 mois qu’elle me bouffe la vie, cette fucking hernie.
Je m’estime chanceuse. Ce n’est qu’une hernie discale, ce n’est pas incurable, je ne risque pas ma peau à chaque instant.
Mais n’empêche que depuis huit mois, mon quotidien se résume à mon canapé et mon lit, avec de temps en temps une soirée entre copines que je paye pendant 2 jours en hurlant à chaque mouvement.
Huit mois que ma vie est sur pause, que je ne vis pas pleinement.
Je suis une droguée dépendante, addict à la morphine qui ces derniers temps ne me soulageait même plus.
Je te passe la somnolence et l’esprit complètement largué qui vont avec, c’est inclus dans le package, gratuitement.
Des projets, j’en ai plein. Des tas qui sont en attente. « Je verrai ça quand j’aurai plus mal au dos ».
Je n’ai pas hésité à me faire opérer. Après des tonnes et des kilos de cachetons avalés pour avoir mal quand même, j’ai rapidement compris qu’au fond, si je voulais retrouver ma mobilité (et à travers elle, un peu de ma liberté), il fallait que je passe par la case opération.
Je n’ai pas peur des opérations. Je kiffe l’anesthésie générale. Tu sens rien, tu vois rien, t’entends rien et tu te souviens de rien.
Tu douilles un peu au réveil, mais quand tu douilles depuis 8 mois, la douleur est relative, au fond.
Alors voilà. Ça y est.
J’ai pris ma douche à la bétadine, je suis passée par la case bloc opératoire, j’ai ri avec mon chirurgien avant de partir dans un monde parallèle, j’ai morflé pendant deux jours et là présentement j’ai un joli pansement dans le dos qui me démange et une démarche de mamie so classy.
Mais c’est fini. Elle est partie. Adieu fucking hernie.
Je devrais sûrement me sentir soulagée. Enfin, je suis soulagée. Et angoissée aussi.
Maintenant que la page hernie est tournée, alors que je suis tranquilou au calme dans ma chambre d’hôpital à faire ce que je veux quand je veux, je pense à l’après.
Après. Demain. Je vais en faire quoi, de demain ?
Ma priorité va à ma reconversion. Je ne veux pas changer de métier, je DOIS changer de métier. C’est vital. Tout mais surtout pas revenir dans cet endroit hostile qui me file la nausée rien que d’y penser.
Je ne peux plus être gouvernée par d’ignorants je sais tout, rendre des comptes à quelqu’un qui ne comprend même pas ce que je fais mais se permet de juger, faire semblant d’aider des gens pour qui tout est déjà joué, twitter pour m’évader des réunions aussi insipides qu’inutiles, croiser des fantômes démotivés dans chaque bureau, porter des projets auxquels je ne crois pas, m’enfoncer dans un trou dont je ne peux pas m’échapper.
Non non et re non. Pour ma survie mentale et psychique, je ne PEUX pas.
J’ai besoin de vivre dans mon travail, d’exister, de vibrer, d’avancer. D’aimer et de croire en ce que je fais. De relever de défis, de voir toujours plus grand.
Seulement, pour vivre mon rêve il me faut tout repenser. Repartir de zéro, trouver les bonnes opportunités, accepter l’incertitude qui accompagne l’audace du changement.
C’est le rôle de demain.
Me faire gagner en audace, me faire prendre confiance en moi, me mettre sur MA voie.
Pour que demain de ressemble pas à hier et qu’après demain ne me ramène pas à mes tourments.
Libéré délivré crie mon dos.
Au secours sortez moi de là hurle mon cerveau.
La santé est à la base du bien-être mental. Je te souhaite une belle reconversion pour t’épanouir. Tu es pleine de ressources, fonce :D
yes you can !!!